La capote capote en Europe – et c’est (en partie) la faute aux discours réacs

“Nous récoltons les fruits amers de ces discours réactionnaires, et le pire est à venir.”

Parfois, c’est plus clair de commencer par la fin, en l’occurrence par le constat de Hans Henri P. Kluge, le directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Europe, cité par The Guardian. D’après un rapport mené par l’OMS et paru fin août, les jeunes Européens sexuellement actifs boudent le préservatif.

Pourquoi ? À cause d’un manque d’éducation sexuelle.

Un déclin d’autant plus alarmant “à une époque où les taux d’infections sexuellement transmissibles [IST] montent en flèche”, résume le quotidien britannique.

L’OMS a mené l’enquête auprès d’environ 250 000 jeunes de 15 ans, dans 42 pays et régions d’Europe, du Canada et d’Asie centrale.

Chelsea Lennox, étudiante au Boston College et membre du Boston College Students for Sexual Health, met des préservatifs dans une enveloppe, à Chestnut Hill (Massachusetts), le 3 avril 2013. Ce groupe officieux du campus travaillait depuis des années avec l’administration de l’école pour organiser des événements autour de la santé sexuelle. Avant que l’administration ne lui demande d’arrêter la distribution de préservatifs.. PHOTO GRETCHEN ERTL/THE NEW YORK TIMES

Résultat : entre 2014 et 2022, l’utilisation du préservatif chez les adolescents sexuellement actifs a considérablement diminué. Près d’un tiers des jeunes interrogés ont admis ne pas utiliser de préservatif.

Ce qui les expose davantage aux infections sexuellement transmissibles, et aux risques “de grossesses non désirées et d’avortements à risque”, déplore le quotidien britannique.

“En France et en Espagne, en 2022, un peu plus des deux tiers des filles et environ trois quarts des garçons ont déclaré utiliser un préservatif.”

Le quotidien britannique “The Guardian”

Dans une école publique lors d’un cours dirigé par le groupe Sex and Society à Copenhague, en mars 2015.
“Il est faux de croire que l’éducation sexuelle est bien pensée dans la plupart des pays européens. Par exemple, alors que les Pays-Bas jouissent d’une réputation à l’échelle internationale pour la qualité de leur éducation sexuelle, les adolescents néerlandais ne sont pas du tout satisfaits de l’éducation sexuelle qu’ils reçoivent à l’école”, affirme Margreet de Looze au site d’informations médicales “Medscape”. Moins de la moitié d’entre eux estiment avoir été suffisamment informés sur les relations amoureuses, la contraception, la grossesse et les IST.. PHOTO SOFIE AMALIE KLOUGART/THE NEW YORK TIMES

Pourtant, “des programmes d’éducation sexuelle efficaces ont été élaborés et mis en œuvre en Europe ces dernières années”, soupire Margreet de Looze, coautrice du rapport de l’OMS, auprès du site d’information spécialisé dans la santé Medscape.

Alors, que se passe-t-il ?

Pour Margreet de Looze, “la résistance à une éducation sexuelle complète s’est mise en place”.

Pourquoi ?

En partie parce que “l’une des idées fausses les plus répandues est que l’éducation sexuelle dispensée aux jeunes les incite à avoir des rapports sexuels plus tôt. En fait, c’est tout le contraire”, résume-t-elle à Medscape.

“L’éducation sexuelle complète adaptée à l’âge reste négligée dans de nombreux pays. Et là où elle est disponible, elle est de plus en plus attaquée ces dernières années sous le prétexte qu’elle encourage un comportement sexuel.”

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