Cannibalisme : que risque-t-on à manger de l’homme ?

La partie la plus dangereuse à consommer serait le cerveau, plus infectieux
La partie la plus dangereuse à consommer serait le cerveau, plus infectieux

Se nourrir de sa propre espèce ne serait pas très intéressant nutritivement et mortel dans certains cas.

Le "cannibale japonais" n’est plus. Issei Sagawa, connu pour avoir tué et mangé une étudiante néerlandaise à Paris en 1981, est décédé à l’âge de 73 ans le 24 novembre dernier des suites d’une pneumonie. "Manger cette fille, c'était une expression d'amour. Je voulais sentir en moi l'existence d'une personne que j'aime", a confessé l’homme diagnostiqué d’une maladie mentale peu après son arrestation.

Pénalement répréhensible et moralement inacceptable, le cannibalisme fascine autant qu’il inquiète. Preuve en est avec les très bonnes audiences enregistrées pour la série Netflix "Dahmer-Monstre : l’histoire de Jeffrey Dahmer" retraçant l’histoire du tueur américain qui se délectait du cadavre de ses victimes.

VIDÉO - L'histoire glaçante du cannibale de Milwaukee, Jeffrey Dahmer, retracée dans une série Netflix

L’anthropophagie, le fait de manger de la chair humaine, n'est pas l'apanage des faits divers. Nos ancêtres, Homo Erectus, Homo neanderthelensis et même Homo sapiens, étaient des adeptes de la pratique "admise dans la société de l’époque", rappelle le paléontologue Jean-François Tournepiche à Ouest France. Les raisons de cette pratique demeurent mystérieuses. Il pourrait s’agir d’un rite pour faire disparaître l’âme d’un ennemi, l’exo-cannibalisme, ou d’une manière de faire rester un membre de la tribu parmi les vivants, l’endo-cannibalisme. Quoi qu’il en soit, manger de l’homme ne serait que dans de très rares cas une question de survie.

La maladie de kuru transmise par le cannibalisme

Une étude publiée dans Scientific Reports s’est intéressée à la valeur nutritive de la viande d’homme et elle serait loin d’être la plus intéressante. Alors que les viandes de sangliers et de castors représentent environ 1 800 calories pour chaque portion de 500g de muscle, celle de l’homme ne contient que 650 calories. "Lorsque vous nous comparez à d'autres animaux, nous ne sommes pas du tout nutritifs", résume l’auteur de l’étude, James Cole.

Sur le plan sanitaire, toutes les parties du corps ne se valent pas. La chair humaine pourrait transmettre des maladies à l’instar des autres viandes. Le risque serait cependant limité une fois le bout cuit, explique Slate. La partie la plus dangereuse à consommer serait en fait le cerveau, plus infectieux. Une tribu aborigène de Papouasie-Nouvelle Guinée qui avait l’habitude de manger le cerveau des défunts a ainsi failli être décimée par le kuru. Cette maladie neurodégénérative provoque des tremblements, des difficultés à marcher et la perte de la coordination.

"La plupart des personnes atteintes du kuru meurent dans les 24 mois suivant l’apparition des symptômes, souvent des complications d’une pneumonie ou d’une infection résultant d’un alitement prolongé", précise le manuel MSD. Les cas sont devenus plus rares après l’interdiction de la pratique en 1950.

Un goût de cerf ou de porc

D’un point de vue gustatif, à quoi ressemble la viande d’homme ? Selon James Cole, "à l'époque, les hommes devaient avoir un goût de cerf, du fait de la vie active qu'ils menaient". Le "cannibale de Rouen", Nicolas Cocaign, condamné pour avoir tué et mangé les poumons de son codétenu en 2007 a décrit un goût similaire.

De son côté, Armin Meiwes, condamné en 2001 pour cannibalisme, trouve que la chair humaine ressemble à la viande de porc, mais "un peu plus amer et plus fort". Un article du Monde de 2018 rappelle que le cochon est physiologiquement proche de l’homme au niveau de la taille des organes et du mode alimentaire (les deux espèces mangent de tout), ce qui pourrait expliquer cette ressemblance. Deux criminels, Karl Denke et Fritz Haarmann, ont d’ailleurs pu vendre de la viande d’homme en la faisant passer pour du porc sur des marchés allemands dans les années 1920 sans que personne ne se doute de rien. Un mode opératoire qui rappelle le film Barbaque de Fabrice Eboué sorti en 2021.

En 2016, un journaliste de la chaine britannique BBC a voulu se faire sa propre opinion sur le sujet et a décidé de se faire prélever un bout de son mollet pour le goûter. "Ça sent vraiment la viande, beaucoup plus riche que le porc ou le poulet", a-t-il déclaré. Pour lui, la viande d’humain s’approcherait davantage d’un mélange d’agneau et de porc.

Quoi qu’il en soit, manger votre prochain pourra vous faire passer un long moment derrière les barreaux. L’anthropophagie, assimilée à un acte de torture et de barbarie, est punie de 15 à 30 ans de réclusion criminelle en France. Dans le cas d’un homicide, elle constitue une situation aggravante susceptible d’allonger la peine. Le repas n’en vaut donc clairement pas la chandelle.

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