cannibale La cuisine tentaculaire cupcakke Zones sensibles Ann O’aro Souffle douleur

Il se passe décidément bien des choses du côté du maloya réunionnais, cette musique née dans le sillon de l’esclavage. L’an passé, le producteur Labelle en donnait une version «archipellique», reconfigurant cette vivace «tradition» au gré des rhizomes électroniques. Cette fois, dans un album tout aussi autobiographique, nourri de l’exil et du souvenir tenace de cette île, Ann O’aro en explore la face acoustique, pour en extraire pareille - mais totalement différente - sève poétique. D’une voix douce, la chanteuse plonge dans les tréfonds de cet autre blues, noue les mots pour mieux dénouer les bleus à l’âme de la petite fille qu’elle fut, abusée par un père violent, un viol qu’elle évoque sans fard dans Kap Kap.«Je vois l’enfant que tu incestues dans le voile cataracte de tes yeux flous.» Le verbe tranche, sans peur d’affronter les tabous, la tension monte, sans avoir à trop hausser le ton. La puissance des mots suffit, exhortée par le roulement des percussions. L’instant d’après, c’est le vent doux-amer de flûte et trompette qui porte ses paroles d’un destin mis à nu, celui d’un corps conquis, mais une âme désormais bel et bien debout. Celle d’Ann O’aro dont les singulières complaintes résonnent dans le chaos d’un monde qui ne peut plus se taire d’avoir tant souffert ou fait souffrir. A travers ce disque, agencé comme une superbe suite à forte teneur spirituelle, la jeune femme panse sa peine, soignant une écriture sans chercher à en gommer les meurtrissures… «J’enfante de ma douleur les cataplasmes des mots qui dorment…»

Disons d’abord que face aux bombasses Die Lit (Playboi Carti) ou Championships (Meek Mill), le sixième album de la rappeuse Cupcakke ne fait pas le poids. Le flow est du genre monotone et mille fois entendu, et les prods signées par des seconds couteaux dépassent tout juste la moyenne des «type beats» trap pop qui pullulent sur YouTube. Mais l’intérêt de l’art de cette outsideuse assumée du South Side de Chicago est ailleurs. Elle le sait et en (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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