Cannes 2022 : Ruben Östlund transforme le cinéma en montagnes russes

« Sans filtre », le nouveau film de Ruben Östlund en compétition à Cannes.
« Sans filtre », le nouveau film de Ruben Östlund en compétition à Cannes.

On le savait déjà, mais là c'est confirmé : le Suédois Ruben Östlund, 48 ans, est un cinéaste iconoclaste, inclassable, imprévisible. Talentueux aussi. Prix du jury en 2014 pour le cruel Snow Therapy (2014), puis palme d'or pour le grinçant The Square (2017), il revient dans la compétition du festival avec un film ébouriffant, virtuose, cruel : Triangle of Sadness qui vient d'obtenir la Palme d'or. Traduit en français par Sans filtre. Un titre qui a l'avantage d'être explicite sur son contenu qui passe à la moulinette le milieu de la mode et de la publicité, la beauté comme valeur marchande et ascenseur social, la lutte des classes selon Marx tendance Groucho, l'argent et le couple, les derniers soubresauts du mâle blanc, les rapports de genre, les hoquets d'une société sans repères. Nous voici servis.

La liste n'est pas exhaustive, et Ruben Östlund a l'art de raconter une histoire abracadabrante qui nous entraîne sur une croisière de luxe qui tourne mal et sur une île déserte où se retrouvent quelques survivants. Entre satire, drame et comédie.

Croisière sur la Croisette

Ce triangle de la tristesse renvoie à une ride entre les sourcils qui, en suédois, s'appelle la ride du souci, que le Botox peut facilement faire disparaître. « C'est amusant, constate le cinéaste, comme cette petite ride symbolise un signe manifeste de notre époque, la primauté de l'esthétique sur le bien-être. »

Tranquillement installé dans le jardin d'une résidence, à deux pas de la Croise [...] Lire la suite