Cannes : le sulfureux Benedetta va-t-il créer la polémique ?

Copyright : Guy Ferrandis

Ce vendredi 9 juillet, Paul Verhoeven présentait en compétition cannoise son dernier film, centré sur une nonne lesbienne du 17e siècle qui, en passe d’être béatifiée, découvre l’amour charnel avec une novice fraîchement arrivée dans le couvent. Sexualité, condition féminine et religion dans un même film : une odeur de souffre souffle sur le festival et dans les salles où le film est déjà sorti.

Inspiré d’une histoire vraie

Gamine, Benedetta était persuadée d’être l’épouse de Dieu. Devenue nonne à l’âge adulte, elle le voit, lui parle… jusqu’au miracle. Certains veulent la sanctifier, d’autres aimeraient la crucifier. Benedetta dit-elle en effet la vérité ou manipule-t-elle son monde ? Pourrait-elle voler le trône aux hommes d’église ? Et surtout que cache sa relation avec Bartholomea, novice sensuelle qui ne la laisse pas indifférente ?

Hérétiquement érotique ?

Le réalisateur d’Elle n’y va pas avec le dos de la cuillère : son héroïne et sa maitresse découvrent les plaisirs de la chair en invoquant Dieu et s’amusent à transformer les objets de culte en jouet sexuel. Quelques dents risquent de grincer même si les ébats des amantes ne sont jamais vulgaires, voire sont parfois très drôles.

Un regard amusé

De la cruelle mère Supérieure (formidable Charlotte Rampling) à l’évêque libidineux (Lambert Wilson), les hommes et les femmes d’Eglise ne sont ici ni charitables ni irréprochables. Le cinéaste s’en amuse énormément et parvient à injecter beaucoup d’humour dans un contexte qui, a priori, n’y invitait guère. Il pousse même le bouchon très loin lors des scènes dans lesquelles Jésus apparait à son héroïne : alors qu’elle fait un cauchemar sur des hommes tentant de la violer, le Christ débarque et découpe les vilains païens en deux avec son glaive avant que l’hémoglobine ne jaillisse copieusement. Grandguignol mais franchement jubilatoire.

Une actrice possédée

Virginie Efira est l’une des candidates au prix d’interprétation féminine cannois avec son rôle de religieuse consumée par sa foi et son désir ardent. S’abandonnant corps et âme devant la caméra du réalisateur néerlandais, elle excelle et n’est jamais grotesque, y compris dans les scènes où Dieu parle à travers elle, avec une voix digne de celle de la gamine de L’Exorciste.

En Bref

Benedetta est la preuve de la vitalité d’un des plus grands réalisateurs de son époque, aussi libre à 82 ans qu’à ses débuts. Provocateur, drôle, malicieux, questionnant le public sur son rapport au corps, au patriarcat et à la religion, son long-métrage est totalement jubilatoire.

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