Cannes 2022 : « Trois mille ans à t'attendre », fable (un peu trop) savante

À Cannes, Idris Elba, Tidla Swinton et George Miller pour « Trois mille ans à t'attendre ».
À Cannes, Idris Elba, Tidla Swinton et George Miller pour « Trois mille ans à t'attendre ».

Il a créé le chevalier du bitume définitif dans Mad Max, réinventé le conte fantastique féministe dans Les Sorcières d'Eastwick, humanisé cochons et pingouins dans les épopées Babe 2 et Happy Feet... Fils d'immigrés grecs, roi du mythe moderne, George Miller (qui fut président du jury à Cannes en 2016) devait forcément, un jour ou l'autre, rendre hommage aux récits et légendes qui éclairent nos ténèbres depuis l'Antiquité, dans un film où ils occupent le centre du jeu. C'était écrit ! Trop, peut-être ? On ressort un brin frustré de cette farandole visuelle brillante et savante, mais qui donne parfois l'impression d'un cours d'érudition légèrement pédant et surpréparé.

Du haut de la pyramide Miller, trente siècles de culture antique nous contemplent... et l'auteur semble si affairé à sa démonstration et à ses tours de passe-passe digitaux que, à la fin de l'histoire, notre boussole de ressenti oscille entre la générosité du spectacle (foisonnant), la richesse de la démonstration (édifiante), mais aussi, hélas, la trop grande sagesse émotionnelle de l'édifice. La faible alchimie entre les deux amants-héros et l'interprétation comme toujours un peu raide et hautaine de Tilda Swinton n'aident pas vraiment.

L'anti-Fury Road

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