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Cannes 2019 : une partie d'échecs avec Kasparov, un selfie avec Takashi Miike et des fauteuils qui claquent, notre cinquième journée sur la Croisette

Coup de coeur, rencontre marquante, anecdote de festivalier : tous les jours, la Rédac' AlloCiné partage son vécu du 72e Festival de Cannes.

Ando Raminoson (@Domato)

"Pendant le festival, il y a des projections, des photocalls et il y a aussi des moments improbables, comme ma rencontre avec Garry Kasparov. Le maître des échecs est venu promouvoir le manga Blitz, dont il parraine la production. Durant l'interview, Il accepte de jouer une partie avec moi. Mon coeur palpite. C'est tellement un honneur de s'asseoir en face de ce monument, un rêve pour tous joueurs d'échecs. Tel un amateur de tennis ayant la chance d'échanger des balles contre Federer. La partie commence. 'Nice Move' lance-t-il. Une réplique anodine. Mais venant de sa part, la phrase résonne dans ma tête. Partager ses quelques coups avec Kasparov fait de cette journée mon premier coup de coeur de la Croisette. Je réalise qu'ici, tout est possible."

Maximilien Pierrette (@maxp26)

"Cannes, ce sont les films, les marches, la Palme. Et le folklore. Celui qui fait que quitter une projection le plus tôt possible est devenu un sport local, quitte à passer moins de temps dans la salle qu’il ne nous en a fallu pour entrer dedans. Aujourd’hui, il n’aura donc fallu patienter que dix petites minutes avant qu’une première personne ne déclare forfait devant Jeanne, nouvel opus de Bruno Dumont. Qui n’est pas le cinéaste le plus facile d’accès, certes. Et la suite de sa relecture de l’histoire de Jeanne d’Arc n’est pas une promenade de santé, plus longue et moins rock’n’roll que Jeanette, qui se présentait comme une comédie musicale. Il y a beaucoup à redire, mais de là à ne pas aller au bout… Pendant la première heure, le défilé des départs s’est révélé fascinant avant de se calmer. Sauf que d’autres sont aussi partis tout en restant sur leur fauteuil, comme mes voisins que j’ai dû réveiller pour aller aux toilettes. Le spectacle était donc plus dans la salle que sur l’écran et, à côté, la projection de Vivarium à la Semaine de la Critique a paru plus fade. Alors que le film est bien meilleur."

Laetitia Forhan (@LaetiFo)

"Il y a des films qui vous mettent immédiatement une claque et d'autres qui se digèrent, qu’il faut laisser décanter. Et c’est le cas de Little Joe. En sortant de la séance hier soir je n’étais pas emballée, j’ai trouvé le film trop froid, trop aseptisé, empêchant le spectateur de vraiment se sentir concerné. Et puis la nuit est passée et j’ai repensé aux différentes thématiques abordées par Jessica Hausner dans son film. J’ai commencé à voir Little Joe sous un prisme nouveau. Au-delà d’un simple questionnement sur le bonheur, le film parle surtout de la maternité et du lien qu’une mère a avec son enfant. Et c’est bien là, le point central du film. Lors de notre rencontre Jessica Hausner m’a confié : 'Je voulais faire un film d’anticipation où la société ne jugerait pas une mère qui choisit de laisser le père s’occuper des enfants.' Un film d’anticipation parce qu’en 2019, les femmes sont encore jugées : parce qu’elles ne veulent pas d’enfants, parce qu’elles en ont trop, parce qu’elles n’en veulent qu’un, parce qu’elles préfèrent faire carrière que de s’occuper des enfants… Little Joe est un film exigeant qui demande de la réflexion et du temps. Et du temps à Cannes, on en a peu… Les papiers films doivent être écrits dans la foulée avant d’enchaîner avec une interview ou un autre film. Cette immédiateté empêche de prendre du recul. C’est d’ailleurs pour cela que parfois des films se font lyncher après leur présentation alors que ça n’aurait probablement pas été le cas dans d’autres conditions. J’en ai fait l’expérience aujourd’hui."

Emilie Schneider (@emilie_sch)

"Le festival touche presque à sa fin en ce qui me concerne et j'avoue que la fatigue commence à se faire sentir. Mais avant de quitter la Croisette, j'ai pu m'entretenir avec Takashi Miike, un cinéaste controversé qui s'est révélé d'une grande gentillesse et disponibilité. J'ai pu également découvrir le premier long métrage d'Aude-Léa Rapin, l'étonnant et réussi road-movie Les Héros ne meurent jamais, qui prouve que le cinéma français regorge de nouveaux talents prêts à émerger. J'ai malheureusement eu moins de chance avec ma projection suivante, Le Lac aux oies sauvages. Présenté en compétition, ce polar chinois a suscité la curiosité auprès de tant de festivaliers que même les 50 minutes d'attente ne m'auront pas permis de rentrer dans la salle. Je n'ai plus qu'à croiser les doigts pour la séance de rattrapage."

Yoann Sardet (@SardetY)

"Ce samedi, trois rencontres, trois regards sur le monde. Mounia Meddour et son incroyable actrice Lyna Khoudri, alias Papicha. Passionnées et passionnantes. Leyna Bloom, héroïne de Port Authority et première actrice transgenre de couleur à porter un film cannois. Lumineuse et engagée. Garry Kasparov, illustre maître des échecs venu soutenir le projet de manga et d'anime Blitz autour de sa discipline. Impressionnant et (presque) jovial. La condition des femmes en Algérie, le voguing et l'amour au-delà du genre, les échecs et leur démocratisation. C'est ça, aussi, une journée à Cannes. Pouvoir partager quelques minutes avec ces gens. Pas des stars, non, mais des citoyens du monde avec qui échanger des idées, des points de vue, des univers, des cultures et encore et toujours, des regards sur le monde. Et s'en nourrir. Je repartirai de la Croisette enrichi de ces rencontres."