Cannes 2019 : un film choc, un temps de projection record, un temps dehors pas très raccord, notre dixième journée sur La Croisette

Coup de coeur, rencontre marquante, anecdote de festivalier : tous les jours, la Rédac' AlloCiné partage son vécu du 72e Festival de Cannes.

Clément Cuyer (@clemt77)

Foutu dérèglement climatique ! En quelques 14 éditions cannoises, je crois n'avoir jamais connu un tel désordre météorologique. Un jour, c'est grisaille, l'autre, plein soleil. Parfois, les deux en même temps, quand la pluie ne se la joue pas en mode guest-star. Quant aux températures, elles fluctuent d'heure en heure, ça les amuse ! Chez, moi, dans mes pénates, aucun souci, je gère. Mais sur la Croisette, pour couvrir le grand raoult du cinéma mondial, c'est une autre histoire ! T-shirt, avec ou sans veste ? Un pull pour ce soir ? Et si je mettais mon blouson ? Et ma casquette, elle va servir contre l'insolation ou bien l'averse qui s'annonce ? Et oui, je me pose de telles questions dans le Sud de la France à la fin du mois de mai, où va donc le monde ? Me voilà donc en train de quasi-grelotter sur la terrasse du Palais en papotant avec Bong Joon-ho et, une demi-heure plus tard, de suer à grosses gouttes sur une plage en compagnie de l'équipe d'Yves. Autant dire que s'il y a un film très à propos durant ce 72e Festival de Cannes, c'est bien le documentaire La Glace en feu, qui voit Leonardo DiCaprio s'investir pour lutter contre ce (foutu) dérèglement climatique !

Corentin Palanchini (@Sartana87)

Au détour d'une terrasse cannoise, j'aperçois un groupe de jeunes gens un peu bruyants. Je m'approche pour voir ce qu'il en retourne (foutue curiosité) et je reconnais alors qu'il s'agit des six comédiens principaux du film Matthias et Maxime, réalisé par Xavier Dolan. Je les trouve le nez sur un grand écran de télé, en train de regarder... leur conférence de presse du matin même ! Ils s'en donnent à coeur joie, de commentaires sur les questions posées aux selfies avec le visage de Dolan sur la télé ! Tout cela dans un brouhaha en québécois où tout le monde se coupe la parole. Amis dans le film mais aussi dans la vie, les comédiens sont clairement en train de s'amuser de leur première fois à Cannes et surtout de la savourer et de se créer des souvenirs en commun. Est-ce que ce n'est finalement pas ça, la définition de l'amitié ?

Laetitia Ratane (@laetitia.ratane)

Un film d'une durée de 3h30 projeté à 22h... A Cannes on est prêt à tout pour la magie du cinéma, surtout lorsque celle-ci est signée Kechiche, obscur maître du désir. Comme avant un marathon on s'est ainsi préparé, sieste de 15 min, dîner léger, bouteille d'eau et café allongé. Dans la salle, il y a une vraie complicité, on se met à l'aise, on est tolérant avec son voisin un peu agité, conscient que l'on va partager un moment de vie particulier, malgré nous. La crainte est de sentir les heures passées même si le talent de Kechiche l'a jusqu'ici toujours évité. Ce soir Mektoub my love : Intermezzo a déplacé le doute. Scène de bavardage à la plage de 45 minutes, scène de cunnilingus non simulé de 13 minutes et 2h30 de corps en transe, scrutés de bas en haut, en train de danser dans une boite de nuit techno. On regarde sa montre, on compte les gens qui quittent la salle, on jette un oeil à son voisin pour deviner ce qu'il ressent, on hallucine, on attend de sortir du huis clos installé, on guette les rares dialogues, on attend et on les regarde encore, encore, encore et encore danser. Il me semblait avoir choisi d'aller au cinéma ce soir et non en soirée. Rien n'est plus très sûr, je ne sais plus trop où finalement j'étais.

Brigitte Baronnet (@BBaronnet)

Il y a des projections cannoises dont on sait qu’elles marqueront : la suite de Mektoub My Love, projetée ce vendredi soir, en fera assurément partie. Rendez-vous était donné à 22h pour un film d’une durée de 3h30, soit le film le plus long du festival... Comment allait-on vivre cette projection marathon à cette heure tardive ? Qu’importe, la tentation était trop belle de vivre cette expérience. Découvrir ce film qu’on attendait vivement et dont on savait si peu de choses jusqu’ici, si ce n’est qu’il avait été tourné dans la continuité du premier Mektoub. Au final, aucune tentation de piquer un somme, c’est une certitude. La telle surprise -dans sa forme et dans son fond- que représente cette suite maintient forcément en éveil. Mektoub My Love Intermezzo est LE  film choc de cette édition, avec LA scène qui va faire scandale. Sans rentrer dans les détails pour le moment de ce que nous avons pensé du film, cette séance restera en tout cas dans les mémoires des festivaliers, à l’image de The Brown Bunny ou Irréversible. Provocation ? Génie ? Une chose est sûre, le film va diviser et créer du débat.