Cannes 2017 : 120 BPM, Le Jour d'après, Rodin, Okja... à qui ira la Palme de Pedro Almodóvar ?

La compétition officielle du Festival de Cannes arrive déjà presque à son terme. Tous les films sélectionnés ont été vus. Il est l’heure de se demander quel film a les meilleurs atouts pour convaincre le jury de Pedro Almodóvar.

Quelques longs métrages ont déjà beaucoup fait parler d’eux sur la Croisette : Okja et sa projection houleuse sous l’étendard Netflix, 120 Battements par minute qui a fait pleurer le Palais des Festivals, Le Jour d’après salué par la critique… Mais un Palmarès est toujours le reflet du Président du Jury ! Quel film est le mieux parti pour s'attirer les faveurs de Pedro Almodóvar ?

L’EVIDENCE

Militant lui-même pour la cause homosexuelle, Pedro Almodóvar a forcément été touché par le film de Robin Campillo, 120 Battements par minute, qui revient sur les efforts et les coups d’éclat d’Act Up France au début des années 1990. Le réalisateur lui-même faisait partie des activistes qui ont voulu sensibiliser le pays aux dangers du SIDA et palier le manque de prévention.

Le film a fait sensation au 70ème Festival de Cannes dès sa première projection le samedi 20 mai 2017. La presse du monde entier a non seulement salué le courage du film qui se saisit d'un thème si important, mais aussi sa forme étonnante et efficace. Mais peut-être Pedro Almodóvar n’aime-t-il justement pas qu’on traite d'un sujet qu'il maîtrise si bien…

D’ailleurs, au Festival de Cannes, une règle non écrite s’applique presque chaque année : si un film vous semble s’imposer comme une évidence, il ne remportera probablement pas la Palme d’Or. Il n’est donc pas certain que 120 Battements par minute soit le meilleur candidat en lice, d’autant qu’il s’agirait d’une quatrième Palme en neuf ans pour la France. Il faut laisser une chance aux autres pays !

LA COREE DU SUD

Le cinéma sud-coréen a beaucoup été salué dans les festivals du monde entier ces vingt dernières années, mais n’a encore jamais remporté la Palme d’Or. La 70ème édition du Festival de Cannes a fait la part belle aux cinéastes sud-coréens, invitant Park Chan Wook dans son jury et inscrivant de nombreux films en compétition et hors compétition. Bong Joon Ho a pour la première fois une chance de remporter une Palme d’Or avec Okja.

Un des meilleurs représentants du cinéma sud-coréen, Hong Sang Soo, est en compétition pour la quatrième fois. Le Jour d’après, son petit dernier, semble avoir conquis la presse du monde entier. Après être sorti victorieux de la sélection d’Un Certain Regard en 2010 pour Ha ha ha, le cinéaste peut désormais espérer remporter la Palme d’Or pour son vingt-cinquième long métrage en vingt ans seulement.

A noter : son vingt-quatrième film est aussi en sélection à Cannes cette année, La Caméra de Claire, avec Isabelle Huppert dans le premier rôle (tourné à Cannes l’an passé et présenté hors compétition).

Cannes 2017 - Notre palmarès et nos moments forts : le Festival vu par la rédaction d'AlloCiné

AU RAYON SURPRISES

Le jury de Pedro Almodóvar pourrait faire scandale en attribuant la Palme d’Or à un film Netflix, puisque la plateforme a créé la polémique avec deux de ses films en compétition cette année : Okja et The Meyerowitz Stories. Les exploitants en colère ont insisté pour que tous les films de la compétition sortent sur grand écran, règle qui sera désormais respectée dès 2018. A la conférence de presse donnée par le jury au début du Festival, Almodóvar avait laissé entendre qu'il n'était plutôt pas favorable à la présence de Netflix au sein de la compétition. Il pourrait justement surprendre Cannes en changeant d'avis à la dernière minute.

La plus grande récompense du Septième Art pourrait aussi être attribuée à un film qui s’est mis la presse à dos, comme La Lune de Jupiter de Kornél Mundruczó (Hongrie), The Square de Ruben Östlund (Suède) ou Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos (Grèce).

Bien sûr, Michael Haneke a encore une chance de devenir le premier réalisateur à cumuler trois Palmes d’Or pour trois films consécutifs. Pedro Almodóvar pourrait se laisser tenter par cette occasion inédite !

Ne pas non plus sous-estimer l’un des tout premiers films de la compétition cannoise, Faute d’amour d’Andrey Zvyagintsev, qui pourrait rapporter à la Russie sa première Palme d’Or depuis Quand passent les cigognes, décernée à Mikhail Kalatozov en 1958 pour l’Union Soviétique.

LA FRANCE, ON Y CROIT ?

Handicap pour la France : trois Palmes d’Or lui ont été remises au cours de ces dix dernières années (Entre les murs, La Vie d’Adèle et Dheepan). Même si 120 Battements par minute est un candidat de poids pour le palmarès, le cinéma français peut-il remporter quatre fois le prestigieux trophée en si peu de temps ? Attention : il convient de se rappeler que les quatre pays qui cumulent le plus de Palmes (Etats-Unis, France, Italie et Grande-Bretagne) ont tous réussi dans l'histoire du Festival à en remporter  quatre sur ce laps de temps.

Ce score pourrait néanmoins représenter un handicap - sans pour autant les disqualifier - pour Jacques Doillon, François Ozon, Robin Campillo et Michel Hazanavicius, tous présents dans la compétition officielle cette année. D’autant que certains cinéastes qui tournent autour du trophée depuis trop longtemps sont au rendez-vous en 2017 : Hong Sang Soo en tête, bien sûr, mais aussi Fatih Akin, Todd Haynes, Naomi Kawase, Lynne Ramsay, Sergei Loznitsa ou encore Sofia Coppola.

Rappelons-le, une seule femme à ce jour a remporté la Palme d’Or : Jane Campion en 1993 pour La Leçon de Piano, ex-aequo avec Adieu ma concubine de Chen Kaige. Pedro Almodóvar a démontré tout au long de sa carrière qu’il aimait mettre les femmes en valeur dans ses films, ce qui pourrait l’inciter à couronner l’une des trois réalisatrices en compétition. Aucune n’est française.

Découvrez la bande annonce de 120 Battements par minute de Robin Campillo