Canicule et sécheresse en France : L’effet « double jet-stream » pointé du doigt par les scientifiques

Photo
Nature

Nature

Les vagues de chaleur sont trois fois plus nombreuses en Europe à cause du phénomène « double jet stream ».

ENVIRONNEMENT - Coincée dans un couloir bouillant. La France est encore sous le joug d’une canicule à partir de ce mercredi 10 août avec des températures excédant les 30 degrés dans tout le pays. Ces vagues de chaleur ont enfin une explication scientifique révélée par une étude publiée en juillet dans la revue scientifique Nature : l’effet « double jet stream » bloquant la France et une grande partie de l’Europe de l’ouest dans une masse d’air chaude.

Un jet stream est un couloir de vents puissants (entre 8 et 15 kms) circulant entre l’air froid des hautes altitudes et l’air chaud subtropical. Un chemin parcourant l’hémisphère nord qui se trouve dévié ces dernières années à cause du réchauffement de la planète.

Trois fois plus de canicules en Europe

Dans un climat normal, ce courant d’air ondule et entraîne des échanges de masses d’air froides et chaudes. Le problème c’est qu’avec le dérèglement climatique, les masses d’air froides le sont moins et les chaudes beaucoup moins fortes. Conséquence : les ondulations du jet stream sont plus lentes, sinueuses et peuvent se scinder en deux provoquant un « double jet stream ».

La France et l’Europe de l’Ouest sont les principales victimes de ce phénomène. Nous sommes en effet positionnés entre le Groenland en haut et le Sahara en bas, comme le rappelle France Info. Malheureusement, le Groenland, région du monde qui se réchauffe le plus, n’offre plus suffisamment de courant d’air froid pour repousser l’air chaud du Sahara. Le jet stream se ramollit et finit par se diviser en deux branches qui piègent en leur sein une masse d’air chaud. Et l’Hexagone est au beau milieu de cette bulle de chaleur et de son air bouillant...

Ce piège à chaleur vient expliquer l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur en Europe, note les chercheurs de l’étude de Nature : « Les jours de canicule montrent une augmentation moyenne sur l’Europe de +0,61 jour par décennie, contre +0,21 jour par décennie pour le reste des latitudes moyennes, ce qui constitue un taux environ trois fois plus rapide pour l’Europe. » Quant à l’intensité de ces vagues de chaleur, elle est quatre fois supérieure sur le Vieux Continent.

Le jet stream explique les canicules passées... et futures

L’exemple le plus flagrant des effets de ce double jet stream a été la canicule de 2003. « Les mois de juillet-août 2003, qui présentent l’événement à double jet le plus persistant de toute la période d’étude », poursuivent les scientifiques. Alors que le jet stream se scinde début juillet 2003, dès le 12 juillet, une chaleur écrasante s’abat sur l’Europe. Avec plus de 70.000 morts, cet épisode de chaleur est historiquement le plus mortel. D’autres canicules passées, comme celles des étés 1994, 2006 et 2018, sont elles aussi associées à un « double jet stream ».

Ce phénomène est-il pour autant à l’origine de toutes les vagues de chaleur passées ? En moyenne sur l’Europe, le « double jet » a contribué à environ 30% de l’intensité des canicules entre 1979 et 2020. Ce pourcentage augmente même à 100% pour l’Europe occidentale. En clair, il a contribué à amplifier toutes les vagues de chaleur à l’ouest de l’Europe. C’est pourquoi les scientifiques assurent qu’une surveillance accrue de l’évolution de la circulation des masses d’air sera nécessaire pour mieux prévoir les vagues de chaleur à venir.

À voir aussi sur Le HuffPost: Réchauffement climatique : aux pôles, l’autre catastrophe qui passe...

Vous ne pouvez visionner ce contenu car vous avez refusé les cookies associés aux contenus issus de tiers. Si vous souhaitez visionner ce contenu, vous pouvez modifier vos choix.

Lire aussi :

Lire aussi