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Début de l'été : faut-il s'attendre à une nouvelle canicule ?

Après 3 étés consécutifs caniculaires et un printemps 2020 exceptionnel, le thermomètre va-t-il encore grimper en juillet-août ?

Après un printemps 2020 exceptionnel - le deuxième plus chaud de l'histoire - et 3 étés consécutifs marqués par des canicules, le thermomètre va-t-il encore battre des records lors de cet été 2020 ?

La période du confinement restera dans les annales. Pas seulement à cause de l'épidémie historique de Covid-19, mais aussi du fait d'une météo exceptionnelle. Le printemps 2020 s'est en effet hissé au deuxième rang des printemps les plus chauds de France, juste derrière 2011 et devant 2007.

"Ce printemps a été d'autant plus extraordinaire que pour la première fois, une ville du Nord comme Le Touquet a connu un ensoleillement supérieur (809 heures) aux villes du Sud du pays, comme Marseille-Marignane (780 heures) ou Ajaccio (762 heures), fait remarquer Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo France. C'était déjà arrivé sur un mois donné, mais jamais sur une saison entière".

À Paris, sur la période du 15 mars au 31 mai, le nombre de jours de pluie n'a jamais été aussi faible, avoisinant le record de la sécheresse historique de 1893. Dans la capitale toujours, le nombre de jours de "chaleur" (25°C et plus) comptabilisés en mai 2020 (10) a été 10 fois supérieur à celui de mai 2019 (1). De quoi craindre un été caniculaire ?

Les printemps 2007 et 2011, très chauds, ont été suivis “d'étés quasiment pourris”

"Le temps qu'il fait sur une saison donnée ne détermine absolument pas le temps qu'il fera la saison d'après, rappelle Etienne Kapikian. Pour appuyer mon propos, j'aime bien citer les printemps 2007 et 2011, qui furent également très chauds, et qui ont été suivis d'étés quasiment pourris et relativement frais". "Dans les trois quarts des cas", les étés qui font suite à un printemps très chaud "ont été plutôt maussades, et au mieux standards, sans anomalie particulière", indique de son côté la Chaîne Météo.

D'autres statistiques font pourtant froid dans le dos et penchent plutôt vers un été bouillant : "sur les 10 dernières années, seul l'été 2014 a été "épargné" par les épisodes caniculaires", indique Etienne Kapikian. Et 4 des 5 étés les plus chauds de l'histoire ont eu lieu ces 5 dernières années. 2003 figure toujours au sommet, mais il est désormais talonné par les étés 2018, 2019, 2017 et 2015.

”Cela devient presque la règle dans le climat moderne d'avoir au moins une canicule par été”

Après 2017, 2018 et 2019, 2020 sera-t-il le quatrième été consécutif à figurer parmi les étés les plus chauds de l'histoire ? "Les scénarios de prévisions penchent vers un été plus chaud que la normale, note Etienne Kapikian. Malheureusement, cela devient presque la règle dans le climat moderne d'avoir au moins une canicule par été".

Canicule* ou pas, il faudra probablement composer avec plusieurs pics de chaleur qui pourraient faire grimper le thermomètre. "De nos jours, dès qu'il y a un pic de chaleur, ça devient facilement et rapidement exceptionnel, estime Etienne Kapikian. Pour la bonne et simple raison que les masses d'air qui sont en embuscade sur l'Afrique du Nord sont plus chaudes dans le climat actuel qu'il y a 20 ou 30 ans. Lors de la canicule de juin 2019, l'air était remonté directement du Maghreb, en passant par l'est de l'Espagne, avant d'arriver en France et d'atteindre de nombreux records de température".

”C'est très mal parti pour voir arriver des records de chaleur en juin”

Rassurez-vous toutefois, le mois de juin 2020 ne sera très certainement pas aussi chaud que celui de 2019, et les 46°C observés à Vérargues dans l'Hérault ne devraient pas se reproduire. "C'est très mal parti pour voir arriver des records de chaleur en juin, observe Etienne Kapikian. On est sur des températures proches de la normale, et on devrait fluctuer entre des épisodes frais et orageux et des pics de chaleurs modérées et non durables. Rien d'extraordinaire pour le moment".


*À l'échelle nationale, on parle de canicule lorsque la moyenne des températures dépasse 23,4°C pendant 3 jours et 3 nuits, avec au moins un jour à plus de 25,3°C. A l'échelle d'une ville comme Paris, on parle de canicule lorsque la température diurne atteint au moins les 31°C et la température nocturne les 21°C pendant 3 jours et 3 nuits. Ce chiffre varie évidemment d'une ville à l'autre (35°C et 24°C pour Marseille).