Candidat à la présidence de LR, Retailleau a-t-il pris un risque avec ses propos sur Sarkozy?

Bruno Retailleau a fait une "confidence" mardi sur Europe 1. "Si Nicolas Sarkozy souhaite quitter Les Républicains (LR), qu'il le fasse", a déclaré celui qui brigue la présidence de sa formation politique. Puis, le chef de file des sénateurs LR au Palais du Luxembourg de développer:

"Je comprends que tous ceux qui ont mis beaucoup d'énergie à la réélection d'Emmanuel Macron, ne souhaitent pas me voir accéder à la présidence [...] ils savent que je ne transigerai jamais là-dessus".

Un tacle en référence au choix de Nicolas Sarkozy lors de l'entre-deux-tours. L'ancien président de la République avait soutenu Emmanuel Macron tout en appelant sa famille politique à "sortir des habitudes et des réflexes partisans".

"La fidélité aux valeurs de la droite républicaine et à notre culture de gouvernement doit nous conduire à répondre à l'appel au rassemblement d'Emmanuel Macron en vue de l'élection présidentielle", avait-il développé.

"Je ne vous retiendrai pas"

La direction de LR avait choisi une stratégie différente. "Aucune voix ne peut se porter sur Marine Le Pen", affirmait Christian Jacob, alors patron du parti, au soir du premier tour sans appeler directement à voter pour Emmanuel Macron.

La sortie de Bruno Retailleau sur les ondes d'Europe 1 fait suite à un écho paru dans L'Express. Dans l'hebdomadaire, on peut lire qu'à "un élu de droite, qu'il recevait récemment [Nicolas Sarkozy] a lancé qu'il quitterait complètement ce parti si le Vendéen en devenait le président".

"Si vraiment monsieur le président de la République, vous dîtes ce que j'ai lu, je ne vous retiendrai pas", a insisté Bruno Retailleau. En référence à la phrase prononcée par François Mitterrand à Valéry Giscard d'Estaing lors du débat d'entre-deux-tours de la présidentielle de 1981, l'élu a déclaré: "Notre passé, c'est notre passif". Une façon de dénoncer les choix de la droite ces dernières années.

"Certes, on a fait la défiscalisation des 35 heures mais on ne les a pas abandonnées, les 35 heures. Certes, on a fait des peines plancher mais on a abandonné la double peine. Certes, on a réduit un peu la fonction publique mais on a fait les ARS (agences régionales de santé) qui ont bureaucratisé la santé", a ensuite développé l'élu.

"Beaucoup de militants ont été choqués par l'attitude de Nicolas Sarkozy"

"Nicolas Sarkozy et Bruno Retailleau, ce n'est pas la même droite", indique sur BFMTV notre éditorialiste politique Mathieu Croissandeau. Le premier est ainsi "plus libéral" que le second qui est, lui, le chantre d'une "droite très conservatrice".

"Bruno Retailleau était le premier lieutenant de François Fillon, adversaire de Nicolas Sarkozy en 2016 [lors de la primaire des LR en vue de la présidentielle de 2017, ndlr]", explique par ailleurs notre éditorialiste.

Une question au lendemain de cette prise de position: Bruno Retailleau prend-il un risque à deux mois du congrès de son parti? Non, selon Mathieu Croissandeau. Il rappelle que "beaucoup de militants ont été choqués par l'attitude de Nicolas Sarkozy" à la présidentielle vis-à-vis de Valérie Pécresse, la candidate de LR. L'ex-chef de l'Etat avait notamment refusé de la soutenir publiquement.

"L'influence de Nicolas Sarkozy a pali"

Mathieu Croissandeau estime également que "l'influence de Nicolas Sarkozy a pali". "Il y a ces ennuis judiciaires, mais aussi le fait que dix ans après sa défaite [à la présidentielle de 2012 contre François Hollande, ndlr], il ne fait plus peur à personne". La preuve: Bruno Retailleau n'est pas le seul à être sorti du bois.

"Nicolas Sarkozy appartient au passé des Républicains", avait par exemple déclaré sur CNews en juillet dernier Aurélien Pradié, numéro 3 de LR et, lui-aussi, candidat à la présidence du parti. En tout cas, Nicolas Sarkozy ne sera pas en mesure de voter lors du congrès. Il n'a pas repris sa carte chez LR en 2022, selon les informations du Parisien.

Article original publié sur BFMTV.com