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Cancer du sein : le stress éloigne les femmes des traitements

A quel point le stress peut-il influer sur le degré d’observance et sur l’efficacité des traitements ? La question s’est posée dans le domaine de l’oncologie, auprès de femmes suivies pour un cancer du sein. Selon les résultats d’une étude révélée lors d’un congrès en ligne*, la « charge allostatique » serait le marqueur impliqué dans cette corrélation.

Mais à quoi correspond cette charge ? Elle « renvoie à l’idée d’une usure biologique globale découlant de l’adaptation à l’environnement via les systèmes de réponse au stress. La charge allostatique est donc le prix payé par l’organisme au cours du temps pour s’adapter aux demandes de l’environnement », détaillait les auteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) en juin 2016.

Selon les scientifiques américains** présents au dit congrès, la charge allostatique s’avère « particulièrement élevée chez les personnes exposées à une forme d’isolement, de précarité et de racisme ». Sur le long terme, elle engendre un sur-risque de problèmes de santé comme « l’hypertension artérielle, l’augmentation de l’indice de masse corporelle, les maladies rénales, les inflammations, l’arthrite et autres troubles ».

IMC, pression sanguine, taux de créatine

Dans la cadre du cancer, ce lien entre charge allostatique et efficacité thérapeutique a toute sa place. « Le comportement du patient face à la maladie et les issues thérapeutiques ne peuvent être isolés de l’impact de son environnement social », étaye la Pr Samilia Obeng-Gyasi, chirurgien oncologue, principale auteure de l’étude. « La charge allostatique constitue donc le marqueur objectif pour évaluer ce point. »

Pour évaluer son impact en vie réelle, l’équipe du Pr Obeng-Gyasi a analysé les résultats de l’essai clinique de phase III ECOG-ACRIN. Au total, les dossiers de 348 patientes*** atteintes d’un cancer du sein ont été analysés. En plus de la charge allostatique, plusieurs critères ont été relevés : les biomarqueurs cardiovasculaires, le système immunitaire et métabolique avant le début des traitements, mais aussi l’indice de masse corporelle, la pression sanguine, le taux de créatine et de plusieurs cytokines indiquant l’état inflammatoire.

Selon leurs observations, « les patientes ayant une charge allostatique élevée ont une plus grande probabilité d’arrêter leur chimiothérapie en cours de traitement et sont ainsi exposées à un sur-risque de décès, comparées à celles ayant une charge allostatique basse et poursuivant leur traitement ». Dans le détail, « à chaque fois que la charge allostatique augmente d’un point, la probabilité de ne pas aller au bout de la chimiothérapie augmente de 15%, et de 14% concernant le sur-risque de décès ».

« A l’avenir, la charge allostatique pourrait constituer un outil pour prédire l’adhésion thérapeutique et limiter le risque de décrochage thérapeutique », concluent les scientifiques.

*14th AACR Conference on the Science of Cancer Health Disparities in Racial/Ethnic Minorities and the Medically Underserved, organisé du 6 au 8 octobre

**The Ohio State University Comprehensive Cancer Center