Campagne de tractage différenciée: Éric Coquerel estime que François Ruffin "s'égare"

Le député La France insoumise Éric Coquerel a confié ce dimanche 15 septembre sur BFMTV son désaccord avec le député Picardie Debout-NFP François Ruffin qui avait dit sa "honte" d'avoir tracté de façon différenciée auprès de ses potentiels électeurs, pendant la campagne législative.

"Ça m'embête un peu qu'il ait fait des tracts différents selon les électorats auxquels il s'adresse, ça me pose un problème", a déclaré l'élu dans notre émission BFM Politique.

"C'est lui qui, d'une certaine manière, est en train de nous dire qu'il y a des tracts qu'il a distribués qui seraient des tracts 'au faciès' et puis de l'autre côté des tracts où il conviendrait de mettre Jean-Luc Mélenchon, et par là nos programmes et notre combat anti-raciste, sous la table pour ne pas choquer certains électeurs dont il subodore que ça pourrait faire en sorte qu'ils ne votent pas pour nous", estime le député.

Des tracts différenciés

Dans son nouveau livre Itinéraire, ma France en entier, pas à moitié, dans lequel il relate des anecdotes de campagne, François Ruffin a raconté avoir distribué des tracts différents selon les personnes auxquelles il s'adressait.

Les personnes racisées recevaient un tract avec une photo de Jean-Luc Mélenchon car populaire auprès de cet électorat, selon François Ruffin, tandis que les autres recevaient un tract sans le cliché.

"C’est un souci, je l’ai éprouvé comme une honte quand j’en venais à faire ça. Malheureusement, je me confiais à mes camarades qui me disaient faire la même chose", a dit le député sur BFMTV cette semaine.

"Un problème"

"Je pense que François (Ruffin) s'égare et ça me pose problème, parce que je l'estime, je le respecte", redit Éric Coquerel.

"Il divise au mauvais moment", déplore l'élu de Seine-Saint-Denis, rappelant que déjà après les législatives, François Ruffin avait reproché publiquement au NFP de ne pas être capable de se mettre d'accord sur un candidat à Matignon.

"Cette fois, lui, qui est le chantre de l'unité trouve le moyen d'être frontal et calomnieux dans la manière dont il nous attaque", accuse encore Éric Coquerel à propos de François Ruffin.

"Ça dépasse mon entendement"

Sur le fond de l'affaire, le député LFI dit aussi son désaccord avec François Ruffin. "Considérer que parce qu'un mouvement de gauche (le NFP, NDLR), dont c'est le rôle, combat le racisme, c'est du communautarisme, excusez-moi, je crois entendre le Printemps républicain", dit-il à propos de l'association prônant la défense de la laïcité et se disant opposée au communautarisme.

"Penser que faire ça, c'est du communautarisme, ça dépasse mon entendement", s'inquiète Éric Coquerel.

"Le racisme, c'est un phénomène global, si nous ne le prenons pas en compte, alors nous trahissons les promesses mêmes de la République", estime-t-il.

Que Ruffin "revienne" sur ses propos

Sur l'avenir de François Ruffin au sein du NFP, Éric Coquerel estime "qu'il faudrait" que l'élu de la Somme "revienne fondamentalement sur ce qu'il vient de dire", qu'il "reconnaisse qu'il a été trop loin".

"Ce qui m'inquiète, c'est que depuis quelques années, je regarde ceux qui commencent à s'égarer de cette manière-là et en général ça ne s'arrête pas", a souligné Éric Coquerel.

François Ruffin a par ailleurs confirmé son "désaccord moral et électoral profond" avec Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, samedi lors d'un débat à la Fête de l'Humanité à Brétigny-sur-Orge (Essonne). La Fête de l'Huma, c'est "une fête de famille", et c'est normal de "s'engueuler en famille", a-t-il déclaré, entre huées et applaudissements.

Article original publié sur BFMTV.com