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Cameron amorce prudemment la négociation du référendum sur l'UE

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a amorcé prudemment les négociations qu'il entend mener pour réformer l'Union européenne avant d'organiser, d'ici la fin 2017, un référendum sur le maintien de son pays dans le bloc européen. /Photo prise le 26 juin 2015/REUTERS/Yves Herman

BRUXELLES (Reuters) - Le Premier ministre britannique, David Cameron, a amorcé prudemment les négociations qu'il entend mener pour réformer l'Union européenne avant d'organiser, d'ici la fin 2017, un référendum sur le maintien de son pays dans le bloc européen. Loin de poser des lignes rouges ou des exigences à ses pairs réunis en sommet à Bruxelles, le dirigeant conservateur s'est contenté de lancer formellement le processus de négociation, une "étape importante" selon lui, mais qui en dit encore peu sur ses intentions. La question de la réforme de l'UE n'a pas donné lieu à de grands débats autour de la table du Conseil, la crise grecque et celle des migrants l'ayant fait passer au second plan. "La nuit a été longue et nous avons débattu de sujets très importants, mais avant tout, je suis ravi que le processus de réforme, de renégociation et du référendum que nous allons organiser (...) soit convenablement engagé", a déclaré le Premier ministre britannique lors d'une conférence de presse au milieu de la nuit de jeudi à vendredi. François Hollande, qui s'exprimait en parallèle à l'issue de cette première journée marathon du Conseil européen, a déclaré que le chef du gouvernement britannique avait évoqué "des aménagements dont on ne sait pas encore quel serait le contenu exact ou les conséquences juridiques". "Il y a aura donc un rapport d'étape qui sera présenté par le président du conseil européen en octobre sur ce sujet", a ajouté le président français. Selon des sources gouvernementales britanniques, David Cameron pourrait se satisfaire d'une promesse de réforme des traités européens avant le référendum, et non exiger qu'ils soient effectivement modifiés d'ici fin 2017. "Les réformes que nous demandons requièrent une modification des traités européens. Il faudra qu'il y ait un accord sur cette modification avant le référendum", a déclaré une des sources. MISES EN GARDE Plusieurs pays dont la France, où le souvenir du "non" au référendum de 2005 sur la Constitution européenne reste très présent, se disent opposés à tout changement des traités. Des responsables européens impliqués dans la préparation des négociations avec Londres n'ont cependant pas exclu des promesses d'aménagements, à défaut d'une réforme avant la fin 2017. Si les dirigeants européens acceptent généralement le principe d'une modernisation de l'UE, certains veulent éviter le risque d'un recul de la construction européenne. "La Belgique sera un partenaire positif et favorable, si par contre il s'agit de démanteler purement et simplement un processus d'intégration européenne, si par contre il s'agit de faire reculer la zone euro, alors la Belgique sera contre", a dit le Premier ministre du pays, Charles Michel. "Une chose devrait être claire depuis le départ, les valeurs fondamentales de l'Union européenne ne sont pas à vendre", a dit de son côté le président du Conseil européen, Donald Tusk. Pour Nigel Farage, leader du parti indépendantiste britannique Ukip, les ambitions de David Cameron sont en deçà des attentes des eurosceptiques. "La vérité c'est que Cameron demande bien peu", a-t-il dit à la presse en marge du sommet, estimant que le Premier ministre conservateur se contenterait de réformes "cosmétiques" plutôt que d'une réelle redéfinition des liens du pays avec l'UE. (Julien Ponthus, Francesco Guarascio et Guy Faulconbridge, édité par Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse)