Cameron agite la menace des migrants de Calais en cas de Brexit

LONDRES (Reuters) - Des milliers de migrants pourraient arriver au Royaume-Uni via la France si les électeurs britanniques décidaient de voter en faveur d'une sortie de l'Union européenne, a déclaré lundi le porte-parole de David Cameron. Un "Brexit" pourrait remettre en cause les contrôles d'immigration que Paris autorise les autorités britanniques à effectuer sur son territoire, notamment à Calais, depuis les accords du Touquet signés en 2003, a expliqué le porte-parole. Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre britannique a développé le même argument: "En restant dans une Europe réformée, nous savons à quoi nous attendre", a-t-il dit. "Nous savons que les frontières restent à Calais, nous savons que nous avons une voix pour déterminer les règles concernant l'avenir de l'Europe, nous savons que nous disposons d'informations vitales sur les terroristes ou les criminels voyageant en Europe parce que nous faisons partie de ces organisations", a déclaré David Cameron. Le chef du gouvernement britannique a accusé "de nombreux responsables politiques de l'opposition" en France de vouloir remettre en cause les accords du Touquet, ce qui ouvrirait les portes de la Grande-Bretagne aux milliers de réfugiés qui vivent actuellement dans les camps du Calaisis dans l'espoir de franchir le Channel. "Je ne veux pas donner à ces gens un prétexte pour le faire", a déclaré David Cameron. "Si nous devions quitter l'UE, il n'y a aucune garantie que ces contrôles continueraient", a de son côté souligné son porte-parole. "S'il n'y a plus ces contrôles, alors nous savons qu'il y a des milliers de gens là-bas, qui sont là uniquement parce qu'ils veulent venir au Royaume-Uni et qui viendraient au Royaume-Uni." "Il n'y aurait plus rien qui les empêcherait de franchir la Manche du jour au lendemain", a-t-il conclu. Cette affirmation a fait bondir les partisans du "Brexit", qui ont accusé le Premier ministre de lancer une "campagne de peur" en vue du référendum qu'il s'est engagé à convoquer, peut-être dès le mois de juin, après avoir négocié une réforme des relations entre Londres et l'UE. "Le Premier ministre a désormais recours aux déclarations alarmistes", a accusé l'homme d'affaires Arron Banks, cofondateur de Leave.EU ("Quitter l'UE") et proche du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), dans un communiqué. "L'accord que nous avons conclu pour contrôler les migrants à Calais a été passé avec la France, pas avec l'UE. Il n'y a aucune raison pour que cela change si nous quittons l'UE", a-t-il insisté. (Elizabeth Piper; Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)