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Cambadélis favori pour prendre les rênes d'un PS en crise

Les dirigeants d'un Parti socialiste en crise se sont réunis mardi pour élire le successeur de Harlem Désir au poste de premier secrétaire auquel devrait, sauf surprise, accéder le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis. /Phoot d'archives/REUTERS/Benoît Tessier

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Les dirigeants d'un Parti socialiste en crise se sont réunis mardi pour élire le successeur de Harlem Désir au poste de premier secrétaire auquel devrait, sauf surprise, accéder le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis. Des voix discordantes dénonçant un processus de désignation peu démocratique se sont élevées dès avant la tenue du conseil national destiné à acter le remplacement de Harlem Désir, promu secrétaire d'Etat aux Affaires européennes après deux années contestées à la tête du parti majoritaire. Plusieurs mouvements issus de l'aile gauche du parti ont annoncé leur intention de présenter un candidat, le député de la Nièvre Sylvain Mathieu, s'ils n'obtiennent pas la tenue d'un congrès extraordinaire pour consulter les militants. Le conseil national, "parlement" du PS, rassemble quelque 300 élus dont une quarantaine s'opposeraient à la procédure de désignation de Jean-Christophe Cambadélis, 62 ans. Dans des extraits de son discours diffusés sur Twitter, l'élu reconnaît que les Français "doutent que la gauche applique son dessein de justice". "Nous devons juguler la crise et ne pas transformer le PS en bateau ivre", a-t-il déclaré. "Un débat sur la ligne, très bien, mais dans l'ordre, et maîtrisé". Son programme : "Reformuler notre socialisme, rénover notre organisation, rassembler la gauche". A son arrivée à la réunion, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a appelé à l'unité. "Personne ne comprendrait que nous nous regardions le nombril au moment où nous avons à tirer encore des leçons des élections", a-t-il dit aux journalistes. Harlem Désir a été écarté à la suite de la débâcle de la majorité aux élections municipales, fin mars. Un échec que le PS craint de voir se répéter au scrutin européen du 25 mai. Manuel Valls, nouveau Premier ministre depuis le 31 mars, a renoncé à participer au conseil national. Dans son discours, Jean Christophe Cambadélis a dit son intention de travailler "main dans la main" avec le gouvernement et d'inviter le chef de la majorité à "échanger" avec les responsables socialistes. "UN PARC À MOUTONS" Il propose en outre le lancement d'"états généraux des socialistes" et la création d'un secrétariat provisoire de 30 membres mis en place "jusqu'au prochain congrès". Une proposition qui risque de ne pas satisfaire les militants qui réclament un vote en bonne et due forme. Harlem Désir a proposé dès sa nomination, mercredi dernier, que Jean-Christophe Cambadélis lui succède alors que les statuts prévoient une élection par les adhérents lors d'un congrès. Le mode de désignation de l'ancien strauss-kahnien a été jugé inacceptable par de nombreux élus socialistes. "C'est pas un parc à moutons mon parti, c'est la démocratie !", a déclaré Gérard Filoche, membre du bureau national du PS. "Les militants auront toujours à la fin leur mot à dire, ce sera les sans-culottes du Parti socialiste, c'est toujours eux qui gagnent les Bastille". Un avis partagé par le député Henri Emmanuelli. "Nous pensons que les militantes et les militants, et à travers eux les sympathisants, ont le droit de dire un mot sur leurs orientations. Donc soit on nous accorde un congrès extraordinaire à l'automne, soit on présentera un candidat". La crise à la tête du PS a exacerbé des tensions déjà avivées par la nomination de Manuel Valls, à qui une dizaine de députés socialistes n'ont pas voté la confiance faute du changement de cap réclamé par les 86 signataires d'un "contrat de majorité" en ce sens. Le sujet de l'orientation politique choisie par François Hollande devait aussi être abordé en conseil national, alors que Manuel Valls a confirmé lundi que la France tiendrait ses engagements européens de ramener le déficit à 3% du PIB en 2015. "Ce n'est pas souhaitable et pas réalisable. La vérité consiste à dire que nous n'aurons pas 3% fin 2015", a dit la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann. Pour le député Christian Paul, "le gouvernement, s'il souhaite que sa majorité fasse un bon résultat aux européennes, n'a pas intérêt à se caler aujourd'hui sur les seules attentes d'une Commission finissante". (Edité par Sophie Louet)