En Californie, la face cachée de la légalisation du cannabis

Chapitre I - La loi et la réalité

Au coucher du soleil, depuis le sommet de Haystack Butte, des milliers de lumières scintillent dans le désert : ce sont des plantations illégales de cannabis. À cette heure-ci et à cette distance, l’enclave rocailleuse de Mount Shasta Vista se pare de tonalités douces. L’atmosphère est pourtant tendue dans cet ensemble de camps de culture saisonniers gardés par des chiens et des hommes en armes, où le ballet quotidien des camions-citernes d’eau est parfois interrompu par des descentes de police, des braquages et des morts.

Les serres en plastique ont si bien proliféré dans cette vallée californienne proche de la frontière de l’Oregon que, l’année dernière, la production locale représentait à elle seule la moitié du marché californien de cannabis légal.

Des trafiquants armés jusqu’aux dents

La Proposition 64, le référendum d’initiative populaire qui a légalisé l’usage récréatif du cannabis en 2016 en Californie, avait séduit les électeurs en promettant qu’un marché légal signerait la fin du trafic illégal de cette drogue et mettrait ainsi un terme aux violences et aux dégâts environnementaux qui y sont associés.

Au lieu de quoi, cette initiative a favorisé une recrudescence de la culture illégale du cannabis, qui a atteint une échelle sans précédent.

Les centres de culture clandestins comme à Mount Shasta Vista envahissent désormais des localités éparpillées d’un bout à l’autre de l’État, et empiètent jusque dans le désert Mojave, sur les flancs escarpés des montagnes de la côte nord, sur les plateaux désertiques et les forêts de la Sierra Nevada.

Les habitants de ces localités disent vivre dans la terreur du voisinage de ces campements gardés par des hommes armés jusqu’aux dents. Des organisations criminelles y exercent en toute impunité ou presque, louant à des particuliers des terres sur lesquelles elles s’empressent de construire des complexes comptant jusqu’à une centaine de serres. La police est dépassée et ne parvient à détruire qu’une infime partie de ces exploitations qui, de toute façon, relancent leurs activités en quelques jours.

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