Cadeaux de Noël : six bandes dessinées incontournables à offrir (ou à s’offrir)

« Sur le front de Corée », « Du Rififi à Ménilmontant » et « Revoir Commanche » figurent dans notre sélection des BD incontournables de la fin d’année.
Dupuis / Casterman / le Lombard « Sur le front de Corée », « Du Rififi à Ménilmontant » et « Revoir Commanche » figurent dans notre sélection des BD incontournables de la fin d’année.

CADEAUX - Comme chaque année, sous le sapin il y aura des chocolats, des vêtements, des objets high-tech, mais aussi des « cadeaux culturels » et notamment des bandes dessinées. Présent peu onéreux, personnalisable, et peu encombrant, la BD est un incontournable de Noël.

Difficile cependant de faire un choix devant l’étendue des rayons et le nombre de nouveautés. Pour vous aider, voici une sélection de bandes dessinées mêlant retour de personnages bien connus, récits historiques, fin de saga captivante et adaptation de monument de la littérature.

Du Rififi à Ménilmontant, de Jacques Tardi (Casterman)

L’immense Jacques Tardi ajoute un cinquième tome signé de sa main à sa série Nestor Burma, qui avait été reprise par d’autres auteurs que lui depuis vingt-cinq ans. Pour la première fois, il n’adapte pas un roman de Léo Malet mais utilise les personnages de l’écrivain au service d’une histoire originale, qui se déroule pendant la semaine de Noël en 1957.

Auteur militant au travail engagé, Tardi y dénonce les méfaits de l’industrie pharmaceutique et la maltraitance animale. Mais ce qui passionne le plus dans cet album, c’est le dessin et la mise en couleurs qui imite les BD pulp des années 1950. Tardi s’amuse comme un fou, et rend hommage, au détour de l’action, à de nombreuses personnalités que l’on peut s’amuser à reconnaître parmi les passants des rues du 20e arrondissement de Paris.

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Erostrate, Martin Veyron (Dargaud)

En 356 avant Jésus-Christ dans la cité d’Ephèse, le Temple d’Artémis - l’une des sept merveilles du monde - est en feu. Un jeune homme prénommé Erostrate se vante publiquement d’être l’incendiaire. Son unique motivation ? La célébrité que va lui faire gagner son crime. Erostrate est condamné par la cité au bûcher, mais aussi à l’oubli : quiconque prononcera son nom sera à son tour mis à mort.

Deux mille ans plus tard, le nom d’Erostrate reste pourtant documenté, tandis que celui de l’architecte du temple a été oublié. Autour de cette histoire qui résonne avec l’absurde et universelle quête contemporaine de la notoriété, Martin Veyron compose un album magistral, voyage dans la Grèce antique qui fait rebondir son propos d’Aristote à Diogène en multipliant les tons comme les points de vue.

Les Travailleurs de la Mer, de Michel Durand (Glénat)

Chef-d’œuvre romanesque de Victor Hugo publié juste après Les Misérables, Les Travailleurs de la Mer avait dès l’époque de sa parution profité de plusieurs éditions illustrées par quelques-uns des plus grands dessinateurs de l’époque. En 2024, Michel Durand s’inspire du trait hachuré de leurs gravures pour mettre en scène le texte de Victor Hugo dans une remarquable bande dessinée.

Personne ne sera surpris d’apprendre que ce travail a pris quatre ans au vu de la splendeur des planches. Le dessin en noir et blanc magnifie un récit de voyage traversé de multiples thématiques. En particulier les relations contrariées que l’homme entretient avec la nature et avec la société, qui est aussi une histoire d’amour tragique.

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Sur le front de Corée, de Stéphane Marchetti et Rafael Ortiz (Dupuis)

C’est le premier titre d’une collection visant à adapter sous forme de romans graphiques de grands reportages couronnés par le prix Albert Londres (le plus prestigieux accordé au travail journalistique). Sur le front de Corée adapte une enquête d’Henri de Turenne de 1950. Non seulement cet album remet en lumière un travail devenu inaccessible, mais il éclaire un conflit aujourd’hui oublié ayant amené la partition de la Corée en deux pays ennemis.

Lauréat du prix Albert Londres à seulement 28 ans, Henri de Turenne est parti en Corée un mois avant la date de son mariage, mais y est resté un an. Il envoyait chaque jour ses dépêches à l’AFP avant de rédiger le soir un long article pour le Figaro. Son témoignage sur le front - où il perdit plusieurs amis journalistes - est parfaitement mis en scène dans une BD qui s’efforce de raconter la cruauté dans les deux camps.

Un Putain de Salopard (4/4), de Loisel et Pont (Rue de Sèvres)

Auteur de BD emblématique des années 1980 (La Quête de l’Oiseau du Temps) et 1990 (Peter Pan), Régis Loisel a aussi par la suite écrit d’excellents scénarios pour d’autres dessinateurs que lui. C’est le cas de la série Un Putain de Salopard, mise en images par Olivier Pont, qui s’inspire fortement d’ailleurs du style graphique de Loisel pour raconter son histoire.

Le quatrième tome de ce récit d’aventures mené tambour battant dans la jungle amazonienne en 1972 est sorti cet automne. Il conclut une histoire qui s’était interrompue en plein suspense il y a deux ans. L’attente des lecteurs est récompensée : le final très attendu tient toutes ses promesses.

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Revoir Comanche, de Romain Renard (Le Lombard)

« Ni un hommage, ni une reprise, plutôt une relecture » : Romain Renard offre une suite singulière à la série Comanche de Greg et Hermann publiée dans le Journal de Tintin à partir de 1972. Il situe son histoire à une époque plus tardive que celle de la série originale : en 1932. Une décennie inhabituelle pour poser l’ambiance d’un western, genre que l’on ne reconnaît d’ailleurs que dans la deuxième moitié du récit.

On y retrouve le personnage de Red Dust, devenu vieux et solitaire, que vient confronter une jeune femme enquêtant sur les mythes de la conquête de l’ouest. Au sens propre comme au sens figuré, Revoir Comanche convoque les fantômes dans un récit crépusculaire qui évoque plutôt l’ambiance de la série Melvile du même auteur que celle de Comanche dont il s’inspire. Mélancolique et contemplatif, Revoir Comanche retourne vers un âge d’or de la bande dessinée, mais avec un ton résolument moderne.

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