Caddie et ses chariots de nouveau près du dépôt de bilan
DRUSENHEIM Bas-Rhin (Reuters) - La société alsacienne Caddie, connue pour ses chariots de supermarché, est de nouveau au bord du dépôt de bilann, deux ans après sa reprise par le groupe Altia, associé à la Banque publique d'investissement (bpifrance), selon les syndicats. Les organisations syndicales appellent à une journée de grève mardi sur le site de Drusenheim. De source proche de la direction, on confirme les difficultés tout en estimant qu’elles sont dues à un manque de trésorerie lié aux efforts consentis pour relancer la marque et non aux commandes qui sont reparties à la hausse. Une délégation de l’intersyndicale a rencontré mardi Jacques Muller, le commissaire au redressement productif de la région Alsace. "On nous a annoncé le placement du groupe sous mandataire judiciaire ad hoc", a indiqué Christophe Payet, délégué CFDT. Une expertise financière sur les comptes d’Altia doit être menée d’ici au 9 juin. Les syndicats craignent qu’elle conduise à un nouveau dépôt de bilan. La BPI, actionnaire à hauteur de 20% d’Altia, un groupe qui revendique 450 millions d’euros de chiffre d’affaires et 4.000 salariés, serait sollicitée pour apporter un million d’euros afin de "terminer le mois". Caddie, qui emploie 420 personnes, dispose d’un carnet de commande de huit millions de chariots qui ne sortent plus de l’usine, faute de pièces que les fournisseurs, qui ne sont plus payés, ont cessé de livrer. La direction rappelle de son côté qu’Altia a procédé fin décembre à une augmentation de capital de Caddie à hauteur de 3 millions d’euros et que des discussions sont en cours entre les actionnaires en vue d’une nouvelle augmentation de capital. "Il nous faut au moins 20 millions d’euros, d’abord pour regonfler les stocks, ensuite pour réaliser des investissements", a estimé Pascal Acker, délégué CGT. En reprenant Caddie à la barre du tribunal, Altia s’était notamment engagé à transférer à Drusenheim l’unité de galvanisation d’Oberhausbergen, près de Strasbourg, ce qui n’a pas été fait en dépit des coûts logistiques induits par la situation. Les syndicats craignent qu’Altia, qui s’est constitué par rachats d’entreprises, notamment dans la sous-traitance automobile, n’ait jeté son dévolu sur Caddie que pour s’emparer de la marque et des brevets. "La meilleure solution serait d’être repris par un vrai industriel", estime Pascal Acker. (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)