"Le Cœur synthétique" de Chloé Delaume, la surprise du prix Médicis

Double étonnement : primo, Chloé Delaume, la romancière expérimentale, a écrit un livre que ses détracteurs – nombreux – tiennent pour une resucée parisienne d'une certaine littérature féminine inaugurée par le Sex and the City de la New-Yorkaise Candace Bushnell, la "chick lit" ; secundo, les jurés du Médicis ont trouvé ça génial au point de lui décerner leur prix alors que les librairies sont fermées et que les autres prix s'abstiennent pour l'instant.

Sans cela, le JDD n'aurait pas parlé de ce livre – décidément, depuis la pandémie, nous vivons dans une réalité parallèle. De celles où le Médicis, donc, peut échoir à un roman massacré par certains critiques, qui se passe au temps où les femmes de 46 ans pouvaient courir le gueux dans des épiceries bio et s'apercevoir, à la suite d'un malentendu à base de poireaux, que leur radar à gays s'est détraqué. C'est dans cette cinquième dimension que Chloé Delaume nous conte les tribulations d'une "célibattante" parisienne.

Des injections de féminisme et de sorcellerie

Ce Cœur synthétique est une étrange créature. D'un côté, l'héroïne, Adélaïde, attachée de presse qui, après son divorce, découvre que ses actions sur le marché de l'amour ont sérieusement décoté et en conçoit une amertume digne des plus grands cornichons bio. D'un autre côté, Chloé Delaume, qui vaut mieux que son sujet, l'investit de plein de jolies choses : écriture impeccable, tournures médiévales, refrains à base de petites fleurs bleues, injections de féminisme et...


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