Quand le cœur s’emballe, ou les racines de l’anxiété
La bouche sèche, des gouttes de sueur qui perlent des tempes et cette sensation que tout le monde entend votre cœur qui bat à tout rompre, voici quelques-uns des symptômes que l’on peut expérimenter lorsqu’on est pris d’anxiété. “Mais est-ce l’anxiété qui fait s’emballer le cœur ou se pourrait-il que ce soit le cœur qui cause l’anxiété ? ” questionne la revue Science.
Pour en avoir le cœur net, justement, une équipe de bio-ingénieurs de l’université Stanford a mis à l’épreuve quelques souris pour tenter de comprendre qui, du cœur ou du cerveau, déclenche la sensation d’anxiété le premier.
D’après leurs résultats, c’est le cœur. Pour en arriver à cette conclusion, ils ont injecté une protéine nommée ChRmine (prononcée « Carmine ») dans le cœur de souris vivantes. En présence de lumière, cette protéine s’active et permet notamment l’entrée d’ions potassium dans les cellules cardiaques, avec pour conséquence une augmentation des battements du cœur. Une fois les souris équipées d’un gilet bardé de diodes, les chercheurs étaient en mesure de contrôler leur rythme cardiaque.
Le labyrinthe de l’anxiété
Placés dans un labyrinthe en forme de croix, avec les segments opposés soit ouverts soit fermés, les rongeurs ont subi une accélération de leur rythme cardiaque par le biais de la ChRmine. “Les souris ont montré des comportements liés à l’anxiété en évitant les espaces ouverts lorsqu’elles étaient en tachycardie et en préférant rester dans les sections fermées du labyrinthe”, raconte Science.
En observant le cerveau des animaux, les scientifiques ont “découvert que l’augmentation de la fréquence cardiaque avait activé des zones impliquées dans l’analyse des informations physiologiques du corps, notamment le cortex insulaire, connu, entre autres, pour réguler les émotions”, écrit Science. Les scientifiques se sont ensuite rendu compte qu’en bloquant le cortex insulaire lorsque les souris étaient en tachycardie elles se comportaient comme si de rien n’était.
Pour Nadine Gogolla, neuroscientifique à l’Institut de psychiatrie Max Planck, en Allemagne, qui n’a pas participé à l’étude, “manipuler le cœur est plus facile que manipuler le cerveau”. De plus, les médicaments qui sont le plus souvent prescrits pour soigner ce type de troubles prennent des mois avant d’être efficaces. Grâce à cette étude, “nous pourrions même découvrir de nouvelles stratégies de traitement pour les patients souffrant de troubles anxieux ou dépressifs”, conclut-elle.
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