C’est comment, être un dinosaure ?

Un Tyrannosaurus rex, gueule ouverte, attend en embuscade et se prépare à bondir sur un Triceratops. Dans son édition de septembre 2024, le magazine Scientific American met cette scène à sa une avec comme titre “Dans la peau d’un dinosaure”. Il se demande en effet comment l’énorme dinosaure percevait le monde. Lors d’une chasse, par exemple, repérait-il ses proies grâce à son odorat ou à sa vue ? Ou bien encore grâce à une ouïe fine ?

Pendant longtemps, les raisonnements des paléontologues s’appuyaient sur l’étude des endocastes, c’est-à-dire des moulages de cerveau obtenus en remplissant les fossiles de crânes vides. Mais aujourd’hui, grâce aux méthodes modernes d’imagerie, notamment, “on peut reconstruire le volume et la surface du cerveau sans dépendre des rares crânes entiers”, écrivent les chercheurs Amy Balanoff, de l’université Johns Hopkin, et Daniel Ksepka, du Bruce Museum, dans le Connecticut.

Ils poursuivent, dans un article grand public publié par Scientific American :

“Nous disposons maintenant d’outils qui permettent de savoir la façon dont ces animaux disparus depuis longtemps percevaient le monde qui les entourait et ce qui se passait réellement quand un prédateur rencontrait sa proie au temps des dinosaures.”

Grâce aux endocastes numériques qui révèlent avec précision les zones cérébrales impliquées dans les différents sens, on peut confirmer que les tyrannosaures étaient des prédateurs hors pair. Leurs bulbes olfactifs, des structures cérébrales de décodage des odeurs, auraient été particulièrement développés, de sorte qu’ils auraient été capables “de renifler le vent et d’identifier des proies vivantes ou mortes bien avant de les avoir sous les yeux”. Cela dit, d’après la taille de leurs lobes optiques, qui intègrent les signaux en provenance des yeux, ils pouvaient aussi compter sur une très bonne vision.

Quant à l’intelligence de ce lézard géant, des travaux publiés en 2023 ont conclu qu’elle était comparable à celle d’un babouin. Amy Balanoff et Daniel Ksepka considèrent qu’“un T. rex doté de l’intelligence d’un primate aurait été terrifiant”. Le dinosaure aurait par exemple été capable de manier des outils. Mais s’ils le citent, les deux chercheurs restent toutefois prudents sur ce travail. En règle générale, rappellent-il, les chercheurs ont plutôt l’habitude d’estimer l’intelligence d’un vertébré en rapportant la taille de son crâne à celui de son corps, ce qui serait clairement en défaveur du tyrannosaure.

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