"C'était comme la fin du monde" : une rescapée et des témoins du naufrage d'un yacht en Sicile témoignent
Après le naufrage du "Bayesian", un voilier de luxe battant pavillon britannique vers 5h du matin ce lundi 19 août, une personne a été retrouvée morte et six autres sont toujours déclarées disparues ce mardi 20 août dans la matinée. 15 personnes ont été secourues.
"Tout ce que j'entendais autour de moi, c'étaient les cris des autres". Dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 août, un super-voilier de luxe battant pavillon britannique a fait naufrage près de Palerme en Sicile. Le voilier de 56 mètres de long, baptisé "Bayesian", a été emporté vers 5h du matin par une trombe marine, une colonne d'air et d'eau en rotation, au milieu d'une tempête.
Sur les 22 personnes à bord -dont douze passagers et dix membres d'équipage de nationalités britannique, américaine et canadienne- 15 ont été rescapées, 6 sont toujours portées disparues et une personne, d'abord considérée comme disparue, a été retrouvée morte.
Parmi les disparus, se trouvent l'entrepreneur Mike Lynch, surnommé le "Bill Gates" britannique, et sa fille. Son épouse Angela Bacares a été secourue et admise dans un hôpital local pour de légères blessures. Un haut responsable de la banque Morgan Stanley figure également parmi les disparus, a assuré ce mardi matin l'assureur britannique Hiscox.
"J'ai perdu ma fille dans la mer"
Pour Charlotte, une autre passagère britannique de 35 ans, ce naufrage au large de Porticello, une ville côtière à environ 15 kilomètres à l'est de Palerme, était comme "la fin du monde".
Elle a raconté au journal italien La Repubblica avoir été réveillée, avec son mari et sa fille par "le tonnerre, les éclairs et les vagues qui faisaient danser" le bateau. De là, ils ont décidé d'abandonner la cabine et de monter sur le pont, avant de tomber à l'eau.
"Pendant deux secondes, j'ai perdu ma fille dans la mer, puis je l'ai rapidement serrée dans mes bras au milieu de la fureur des vagues", a-t-elle déclaré.
Elle a expliqué qu'elle maintenait son bébé "à flot de toutes ses forces, les bras tendus vers le haut pour l'empêcher de se noyer". Avant d'ajouter: "Il faisait noir. Dans l'eau, je ne pouvais pas garder les yeux ouverts. J'ai crié à l'aide, mais tout ce que j'entendais autour de moi, c'étaient les cris des autres".
Elle a ensuite pu monter avec les membres de sa famille sur un canot de sauvetage qui a sauvé onze personnes au total. Charlotte et son bébé ont été hospitalisées mais sont hors de danger.
"Tout s'est passé en très peu de temps"
Le commandant du voilier, James Catfield, emmené aux urgences de Termini Imerese, s'est quant à lui peu exprimé auprès de la presse sur ce dramatique épisode. "Nous ne l'avons pas vu venir", a-t-il seulement déclaré à La Repubblica.
Des témoins extérieurs racontent aussi une scène éclair. Le capitaine d'un bateau à proximité qui a porté secours aux naufragés du Bayesian a déclaré à plusieurs médias que le superyacht s'était renversé sur le côté et a coulé en "quelques minutes".
"Tout s'est passé en très peu de temps", a affirmé Karsten Borner qui a raconté que son propre bateau avait été secoué par de très fortes rafales. Voyant le Bayesian à proximité, il a manœuvré pour éviter de le heurter.
"Nous avons réussi à maintenir notre navire en position grâce au moteur, et une fois la tempête terminée, nous avons remarqué que le navire derrière nous avait disparu", a-t-il raconté.
Il s'est alors rendu sur place et a trouvé "un canot de sauvetage à la dérive" avec plusieurs personnes à l'intérieur dont certaines blessées.
"Nous les avons ramenées à bord de notre navire, puis nous avons communiqué avec les gardes-côtes qui sont arrivés après", a ajouté le capitaine Karsten Borner parlant d'une "grande catastrophe".
"Il ne restait que des débris qui flottaient"
Sur une caméra de vidéosurveillance, on voit la tempête balayer la terrasse d'un restaurant. Les vents violents et le déluge ont balayé la côte provoquant des dégâts matériels dans plusieurs établissements de plage.
"La tempête a duré une quinzaine de minutes et a tout emporté ici", raconte un témoin à BFMTV. "J'ai vu une fusée de détresse au large, donc on est sorti en mer pour porter secours mais en arrivant sur place il ne restait que des débris qui flottaient".
Depuis lundi matin, les secours patrouillent pour trouver les survivants ou repêcher d'éventuels corps. Ce mardi, les recherches sont toujours en cours au tour de l'épave localisée à 50 mètres de profondeur. Un hélicoptère, des plongeurs et plusieurs navires des gardes-côtes sont mobilisés.