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Cérémonies à Minneapolis et New York en hommage à George Floyd

CÉRÉMONIES À MINNEAPOLIS ET NEW YORK EN HOMMAGE À GEORGE FLOYD

par Brendan O'Brien

MINNEAPOLIS (Reuters) - Plusieurs centaines de personnes ont participé jeudi à une cérémonie à Minneapolis en hommage à George Floyd, l'homme noir dont la mort après son arrestation par la police a déclenché de vastes manifestations émaillées de violences et réveillé le débat sur les questions raciales aux Etats-Unis.

"Tout le monde veut la justice, nous voulons la justice pour George, il va l'obtenir", a dit Philonise Floyd, l'un de ses frères, lors de ce service organisé dans une chapelle.

"C'est fou, tous ces gens sont venus pour mon frère, c'est incroyable qu'il ait touché tant de coeurs", a ajouté Philonise Floyd, vêtu de noir et arborant un badge orné d'une photo de son frère et de l'inscription "Je ne peux pas respirer".

George Floyd a répété cette phrase plusieurs fois, tout en cherchant de l'air, alors qu'un policier appuyait son genou sur son cou pendant près de neuf minutes avant sa mort le 25 mai. Les images de l'arrestation de cet homme de 46 ans, qui se sont rapidement propagées à travers les Etats-Unis, ont soulevé une vague de colère contre la police américaine accusée de racisme et de brutalité contre la communauté afro-américaine.

Des foules d'Américains ont défié des couvre-feux et manifesté dans de nombreuses villes des Etats-Unis pendant neuf soirées consécutives, accompagnées d'émeutes et de pillages en marge de ces rassemblements pacifiques, ce qui a amené le président Donald Trump à menacer d'envoyer l'armée pour faire cesser ces violences.

Ben Crump, un avocat de la famille Floyd, a déclaré au cours de la cérémonie organisée jeudi que les méthodes employées par la police lors de l'arrestation de George Floyd étaient le mal lui-même.

"Ce que nous avons vu dans cette vidéo, c'est le mal. Donc Amérique, alors que nous saluons la mémoire de George Floyd, rejette le mal. Proteste contre le mal. Nous ne pouvons pas coopérer avec le mal. Nous ne pouvons pas coopérer avec la torture", a-t-il dit.

WILLIAM BARR ÉVOQUE DES INTÉRÊTS ÉTRANGERS

ET DES "AGITATEURS EXTRÉMISTES"

Derek Chauvin, le policier de 44 ans filmé en train d'appliquer son genou sur le cou de George Floyd, a été exclu de la police et inculpé de meurtre.

Les trois policiers qui l'accompagnaient, eux aussi limogés, ont été inculpés de complicité. Ils ont comparu pour la première fois jeudi devant un tribunal qui a fixé leur caution à un million de dollars, susceptible d'être abaissée à 750.000 dollars selon certaines conditions, notamment la confiscation de toutes leurs armes personnelles.

A New York, des milliers de personnes ont aussi assisté à une cérémonie en hommage à George Floyd dans un parc de Brooklyn.

Beaucoup se sont agenouillées sur la pelouse, dans ce qui est devenu un geste de protestation contre les violences policières, en scandant "Pas de justice, pas de paix".

Bill de Blasio, le maire de New York, présent à cette cérémonie, a promis de profonds changements dans les méthodes utilisées par la police dans sa ville.

Le ministre américain de la Justice, William Barr, a affirmé jeudi, sans fournir de détails, que des intérêts étrangers et des "agitateurs extrémistes" affiliés à des mouvements de gauche comme les Antifa (antifascistes) prenaient le contrôle des manifestations.

HUIT MINUTES ET 46 SECONDES DE SILENCE

Le révérend Al Sharpton, figure médiatique du mouvement des droits civiques, a pour sa part déclaré lors de la cérémonie à Minneapolis que l'immense majorité des manifestants étaient pacifiques.

"Il y a eu des manifestations dans le monde entier. Certains ont pillé et fait d'autres choses. Aucun de nous ne cautionne cela, le pillage et la violence", a dit Al Sharpton. "Mais il y a une différence entre ceux qui appellent à la paix et ceux qui appellent au calme. Certains parmi vous tous, vous ne voulez pas la paix, vous voulez seulement le calme. Vous voulez seulement que nous continuions à souffrir en silence."

Dans un discours à la tonalité politique, il a estimé que le genou du policier blanc posé sur le coup de George Floyd symbolisait l'oppression subie par les Afro-Américains au quotidien.

"George Floyd ne devrait pas être parmi les morts. Il n'est pas mort d'un problème ordinaire de santé. Il est mort d'un dysfonctionnement ordinaire de la justice pénale américaine", a-t-il déclaré. "Il est temps pour nous de nous lever au nom de George et de dire: 'Retirez votre genou de nos cous'", a-t-il ajouté.

Le révérend Al Sharpton a invité les personnes présentes à la cérémonie à observer un silence de 8 minutes et 46 secondes, le temps pendant lequel le policier est resté agenouillé sur le cou de George Floyd malgré ses supplications.

Les cérémonies en son hommage doivent durer six jours avec des obsèques prévues mardi.

(Brendan O'Brien, Michelle Nichols, Nathan Layne, Peter Szekely et Andrew Hay; version française Bertrand Boucey et Claude Chendjou, édité par Henri-Pierre André)