Célibataires après des années en couple, les applications de rencontre les ont traumatisés

Pour de nombreux célibataires, les applis de rencontre font désormais partie du quotidien. Mais pour ceux qui étaient en couple au moment de leur arrivée et qui les découvrent en 2024, le choc peut-être rude. Trois personnes témoignent pour le HuffPost.

« Quand j’étais jeune, si on s’embrassait ou qu’on couchait ensemble, c’était évident qu’on était en relation exclusive. Maintenant, on ne sait pas à partir de quand on est en couple. On a l’impression qu’on est un objet qu’on prend, qu’on jette »

VIE AMOUREUSE - Depuis la création de Tinder en 2012, les applications de rencontre ont bouleversé la manière de se mettre en couple. Au point qu’en France, 2.3 millions de personnes s’en servaient quotidiennement en 2023 selon les chiffres de Médiamétrie.

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Mais si les célibataires de longue date ont vu leur vie amoureuse changer progressivement depuis l’arrivée des applis, celles et ceux qui prennent le wagon en route ont tendance à déchanter. En couple durant la dernière décennie, trois personnes fraîchement célibataire ont raconté au HuffPost le vertige de découvrir les applications de rencontre et le marché du « dating » de 2024.

« Séparée après 27 ans de relation, j’étais très éloignée de ces manières de faire, j’avais lu quelques articles mais très peu de proches m’en avaient parlé. Après quatre ans de célibat, je m’y suis mise sur les conseils d’une amie.

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Je me suis inscrite sur Meetic et Adopte et ça a été vertigineux : une centaine de likes en une semaine, vingt messages d’hommes, c’est comme s’il y avait une consommation frénétique des profils. Dans la vraie vie, on ne rencontre pas 100 personnes en sept jours ! Ce changement de mode de rencontre implique des changements de pratiques amoureuses. Les messages ne sont pas forcément bienveillants, ni intéressants. Les communications s’arrêtent d’un coup, les gens disparaissent. C’est très déstabilisant : moi, quand je veux arrêter une discussion, je le dis ! C’est un minimum de politesse.

J’ai aussi été choquée par le fait que beaucoup d’hommes parlent de sexualité très rapidement, la conversation glisse très vite sur ce terrain alors que pour moi, ce n’est pas concevable qu’on parle de ça avant même qu’on se soit rencontrés. Et puis, désormais, il faut mettre des mots sur tout. Quand j’étais jeune, si on s’embrassait ou qu’on couchait ensemble, c’était évident qu’on était en relation exclusive. Maintenant, on ne sait pas à partir de quand on est en couple. On a l’impression qu’on est un objet qu’on prend, qu’on jette. Alors j’ai tout arrêté : pour moi, les applis sont un miroir aux alouettes. »

Juliette, 51 ans

« Avant d’être célibataire, j’allais souvent swiper sur le compte Tinder d’une copine pour voir, pour m’amuser. Quand j’ai quitté mon ex après plus de dix ans de relation, c’est cette même amie qui m’a inscrite sur Tinder. Puis j’ai téléchargé d’autres applis.

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Au début, j’étais un peu accro, j’avais une consommation assez importante. Je me disais qu’il y avait tellement de possibilités qui s’ouvraient à moi, je trouvais ça fou et un peu marrant de pouvoir parler avec tous ces mecs qui ne m’auraient jamais calculée dans un bar, des gens super différents de mon cercle habituel. Ça fait du bien d’avoir accès à des rencontres fluides, de pouvoir dire clairement qu’on est intéressé que par du sexe sans attache, par exemple. Ça m’a permis de décomplexer mon rapport à la sexualité.

Mais après quelques mois, j’ai commencé à trouver ça un peu lassant. Il y a une uniformité des profils, et on voit vite ceux qui mettent la même chose par flemme de remplir des cases. “Mes centres d’intérêt, c’est les voyages et les pizzas”, ça n’est pas passionnant… Je trouve que les applis font perdre en spontanéité. Tu dois faire bonne impression tout de suite, le premier date doit forcément bien se passer parce que sinon, il n’y en aura pas d’autre, tu sais qu’il y a 15 autres personnes qui attendent après toi. J’essaie de m’en écarter un peu car j’en suis vite revenue. »

Hélène*, 37 ans

« Après sept ans de couple, je me suis retrouvé célibataire à la fin de la vingtaine et j’ai refusé de me mettre sur les applis pendant cinq ans. Je savais que ce ne serait pas fait pour moi : je ne suis pas le genre de personne qui a un profil “attractif”. Je ne suis pas très grand, je ne suis pas vraiment beau gosse… Quand je suis arrivé sur les applis et que j’ai vu que tout le monde mettait sa taille dessus, je me suis dit, c’est mal parti.

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J’ai été étonné de découvrir que les profils se ressemblaient beaucoup. Quand on est un mec, il faut être grand. De manière générale, il faut être mince, montrer qu’on est sportif avec des photos de soi en rando (à l’étranger parce qu’il faut aussi montrer qu’on voyage), mettre des photos de soi dans des ambiances « cool ». Je ne critique pas les gens qui le font, mais c’est tellement déprimant quand on ne rentre pas dans ces cases, on a l’impression de passer à côté.

Quand j’avais des matchs, je trouvais que les conversations étaient un peu poussives, pas naturelles, comme si tout le monde se prenait la tête sur des phrases d’accroches parce que tout le monde en reçoit toute la journée… Dans l’absolu, ça m’a rendu un peu triste. Je préfère miser sur les rencontres au hasard et espérer croiser des personnes sympas plutôt que de perdre mon temps - parce que clairement, c’est hyperchronophage. »

Olivier*, 33 ans

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