"Le but est de le finir": Kevin Jousset annonce la couleur avant son deuxième combat à l’UFC
Kevin, vous affrontez Song Kenan ce week-end à Las Vegas pour votre deuxième combat à l’UFC. Le combat devait initialement avoir lieu en Chine avant d’être déplacé. Cela vous embête de ne pas pouvoir l’affronter chez lui?
Clairement, ça m’embête un peu. C’est une des raisons pour lesquelles je voulais affronter ce mec, car c’était chez lui et que je trouve ça vraiment excitant de combattre un mec là où tout le public va l’encourager et vouloir que je perde. Mais c’est comme ça. Ce n’est pas entre mes mains et un combat reste un combat, que ce soit à l’Apex de Las Vegas devant personne ou en Chine devant des dizaines de milliers de personnes. Ça ne change pas l’objectif et je reste concentré dessus.
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C’est votre premier combat à Las Vegas, la capitale des sports de combat. Ça vous fait quelque chose?
Combattre aux Etats-Unis pour la première fois, et à Vegas particulièrement, j’en suis très satisfait. Ça va être intéressant. J’aurais préféré combattre devant des dizaines de milliers de personnes, clairement, mais je sais que des millions de personnes vont regarder devant leur télé. C’est la beauté de l’UFC. Peu importe qui il y a dans la salle, tu sais que des millions de personnes sont devant leur écran. J’ai hâte.
Ce deuxième combat à l’UFC arrive pile trois mois après le premier. C’était une volonté de votre part de rester le plus actif possible?
Ouais, clairement. J’avais envie d’avoir un autre combat avant la fin de l’année. J’avais une petite blessure à régler donc je ne pouvais pas directement trouver un combat, j’attendais de voir le médecin pour être sûr que je sois OK pour combattre avant la fin de l’année. Dès qu’on a eu l’accord du médecin, on l’a envoyé à l’UFC et on a entendu parler de cette carte qui devait avoir lieu en Chine. On a demandé à affronter un Chinois en Chine et ils nous ont directement donné ce combat, donc mon équipe et moi étions très satisfaits. Le but à l’UFC n’est pas de combattre une fois par an mais d’être actif. Combattre une fois tous les trois mois, c’est l’idéal.
Votre adversaire, plutôt striker, compte déjà huit combats à l’UFC pour cinq victoires et trois défaites, dont une contre Ian Garry. Douze de ses vingt victoires en carrière en MMA ont été obtenues au premier tour. Quel regard portez-vous sur lui?
J’ai vu ses derniers combats. C’est un bon striker. Il va surtout être dangereux sur les premières minutes de chaque round. Mais ce n’est pas le premier bon striker que j’affronte. Il a beaucoup d’expérience, beaucoup plus de combats que moi, ce sera son neuvième combat à l’UFC alors que ce sera seulement mon deuxième donc il est habitué à ce genre d’événements. Mais je pense que j’ai les capacités techniques pour battre son style et le bon gameplan avec mon équipe pour aborder ce combat.
Préparez-vous encore plus vos gameplans depuis que vous êtes à l’UFC, où vous affrontez désormais la crème de la crème de la discipline?
C’est dur à dire. Mon approche a toujours été assez professionnelle, même avant que je sois à l’UFC. J’ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même sur la préparation et de vraiment avoir le bon gameplan pour chaque adversaire. UFC ou pas, le mec en face veut faire la même chose: te battre et te mettre KO. J’ai toujours été assez professionnel et pour ce mec-là, c’est surtout mon équipe, mon manager, mes entraîneurs, qui vont regarder des combats plus en profondeur. De mon côté, je regarde une fois ses trois derniers combats et c’est tout. Après, je suis vraiment concentré sur moi et sur ce que mes entraîneurs me demandent de faire. Je ne pense pas trop à mon adversaire, à ce qu’il fait, à ce qu’il a fait dans le passé, car tu ne peux contrôler ces choses-là. Je reste présent sur ce que j’ai besoin de faire moi-même.
Une des défaites de votre adversaire, la deuxième de sa carrière, était en 2015 contre un certain Israel Adesanya en 2015, votre ami et partenaire d’entraînement à Auckland…
Il a combattu contre Izzy, oui, mais c’était en 2015. À l’époque, je ne savais même pas ce qu’était le MMA. (Rires.)
En avez-vous parlé avec Adesanya? Vous a-t-il donné quelques conseils ou cela ne servait-il à rien car leur combat date trop?
On en a parlé un petit peu il n’y a pas très longtemps. Sans rentrer dans les détails, il m’a dit deux-trois trucs techniques que je fais et qui selon lui vont bien fonctionner contre cet adversaire. Ce sont des choses dont on avait déjà parlé avec mes entraîneurs, qui étaient déjà sur le gameplan. Mais 2015-2023, ça fait quelques années donc j’espère pour lui qu’il a progressé sinon il y a un problème. Et pareil pour moi. En 2015, comme je disais, je ne m’entraînais même pas encore en MMA. Nous sommes tous les deux des personnes différentes. Tu peux regarder des combats mais huit ans après, ça ne va pas servir à grand-chose.
Vous disiez que vous ne connaissiez pas le MMA en 2015. Huit ans plus tard, vous êtes à l’UFC, la plus grande organisation de la planète. Réalisez-vous le côté météorite de votre trajectoire?
C’est clair. Mais il ne faut pas oublier que j’ai fait du judo à très haut niveau, ce qui m’a apporté une grosse base. Le jour où j’ai commencé le MMA, mon grappling était déjà de très haut niveau comparé à certains athlètes qui faisaient du MMA depuis toujours. Mon striking était clairement très mauvais mais je jouais avec mes forces de l’époque. Quand j’y réfléchis, mon premier combat pro était en 2019, c’était hier, c’était il n’y a pas longtemps. Mais dès que je me suis mis au MMA, je m’y suis mis à temps plein. Je suis très professionnel dans mon approche. Depuis le début, je me suis toujours entraîné tous les jours, deux-trois fois par jour. C’est allé vite, oui, mais certains mettent dix ans car ils ne s’entraînent qu’une fois par jour. Moi, ça a mis quatre-cinq mais je m’entraîne cinq-six heures par jour tous les jours. En nombre d’heures, c’est à peu près pareil, c’est équivalent.
Votre premier combat pro date de 2019, comme Benoît Saint Denis qui est aujourd’hui dans le top 15 des -70 kilos à l’UFC. Son parcours vous inspire-t-il?
C’est clair que c’est inspirant. Un mec comme Benoît n’a pas non plus beaucoup de combats mais il a surclassé des mecs très connus. C’est une preuve que quand tu te donnes les moyens, que tu crois en toi et que tu bosses dur, tout est possible. Benoît est déjà dans le top 15 et s’il continue d’évoluer à cette vitesse, il va être un problème dans la division très, très rapidement et j’ai hâte de le revoir combattre car c’est toujours cool de voir ses combats.
Avec votre volonté d’être actif, souhaitez-vous enchaîner les combats en 2024 et vous imaginez-vous entrer dans le top 15 fin 2024-début 2025?
Clairement. L’objectif en 2024, c’est quatre ou cinq combats. Si je les gagne tous, je serai clairement dans le top 15 à la fin de l’année prochaine. C’est l’objectif. Je ne vise pas de perdre un seul combat. Là, je combats en décembre. Ensuite, j’aimerais revenir début mars, environ trois mois après. On verra ce que l’UFC me propose. Mais je ne veux pas précipiter les choses, je suis concentré sur chaque adversaire un par un. Tu ne sais jamais ce qui va se passer à chaque combat, des blessures peuvent aussi arriver, mais tant que je n’ai pas de blessure, l’objectif est de rester actif.
Existe-t-il un monde où vous n’êtes pas présent pour un UFC Paris en 2024?
Non, c’est sûr. Quand j’ai combattu à Sydney, j’ai vu Dana White après mon combat, il m’a félicité et il m’a dit : ‘‘L’UFC est en train de se développer énormément en France, tu seras sur la carte en 2024’’. Clairement, j’y serai. Il n’y a pas le choix. Même si je dois attendre un mois ou deux de plus avant de recombattre, je préfère attendre, même si je veux être actif, car je veux combattre devant mon public. Je n’ai jamais combattu en France et c’est un gros objectif. Ça me ferait vraiment plaisir de combattre devant le public français.
Pouvez-vous nous raconter cette discussion avec Dana White, le patron exécutif de l’UFC?
La discussion a quand même été assez rapide, on n’a pas non plus parlé pendant une demi-heure, mais c’était plus pour me donner ses félicitations, me dire qu’il avait été impressionné par ma performance. Ensuite, il m’a dit : ‘‘L’UFC se développe à vitesse grand V en France, tu seras sur le prochain UFC en France, continue et ça va bien marcher’’.
La vague du MMA déferle fort en France ces deux dernières années. Rien n’était calculé mais réalisez-vous que vous arrivez à l’UFC au moment parfait où le sport explose dans votre pays?
Dans la vie, il faut parfois un peu de chance aussi, être opportuniste et savoir la saisir. Ce sont des choses que je n’ai pas choisies mais c’est cool de voir que le MMA se développe énormément en France. L’une des raisons principales, c’est justement que l’UFC soit arrivée en France, du coup maintenant tous les gens s’y intéressent. Mais des athlètes au plus haut niveau mondial, ça fait déjà des années qu’on en a. Mais si on n’a pas les opportunités, malheureusement, personne ne le sait. Maintenant que l’UFC vient en France et que tout le monde se rend compte qu’on a des athlètes très bons, je pense que ce n’est que le début pour le MMA en France. Si tu regardes dans trois-cinq ans, ce sera clairement une des plus grosses nations de ce sport.
On parlait de votre ami et partenaire d’entraînement Israel Adesanya, qui a évoqué une pause dans sa carrière voire un retour seulement en 2027. Que pouvez-vous nous dire là-dessus ? S’entraîne-t-il toujours en ce moment?
Je sais quand il va recombattre. Ce ne sera pas 2027, ce sera plus rapidement. (Sourire.) Je ne peux pas trop vous dire exactement la date mais disons qu’il sera de retour bien plus rapidement que 2027. Il s’entraîne toujours. Il avait des petites blessures à régler, qu’il avait déjà avant son dernier combat, et il règle tout ça gentiment mais on va le revoir j’espère l’année prochaine.
Comment voyez-vous votre combat contre Song Kenan se dérouler ? Un petit pronostic?
J’espère que ça n’ira pas à la décision et que je terminerai le combat. Comme j’ai dit, c’est un adversaire expérimenté, dangereux, et qui a beaucoup de KO au premier round. Il va falloir être très concentré sur le début du combat et sur le début de chaque round, ne pas prendre de risques inutiles. Il va falloir que je sois intelligent. Le but est de ramener la victoire mais aussi de le finir. J’espère avoir le KO ou la soumission avant la fin des 15 minutes de combat.
On parlait de Saint Denis qui a progressé dans les classements et populairement car il finit tous ses combats. Êtes-vous conscient que l’UFC est un monde où il faut non seulement gagner mais aussi finir avant la limite pour impressionner et grimper plus vite?
Bien sûr. C’est un sport mais c’est aussi un business. Ce qui fait que le sport a évolué comme ça, c’est qu’il y a de beaux finishs à regarder dans les highlights sur les réseaux sociaux. Tu peux être un des meilleurs combattants au monde mais si tu ne gagnes que par décision, que ce n’est pas impressionnant à voir, tu n’auras sûrement pas les mêmes opportunités. L’objectif de finition est clairement important. Mais ça ne veut pas dire qu’il faut prendre des risques inutiles pour finir le combat. Quand tu combats au plus haut niveau, ce n’est pas facile de terminer avant la limite. Quand tu vois une opportunité, il faut savoir la saisir. Je suis sûr que j’aurai une opportunité dans les 15 minutes de mon combat et je vais savoir la saisir.
Si vous pouviez choisir un adversaire à affronter dans votre catégorie en 2024, ce serait qui?
On va parler de la fin d’année 2024, quand je serai proche du top 15. Je vais donner deux adversaires. Soit Ian Garry, soit Jack Della Maddalena. J’aimerais bien combattre au moins un des deux avant la fin de l’année prochaine. Je sais que je les combattrai un jour ou l’autre. Dans un an, ça me paraît pas mal.
Jack Della Maddalena vous a infligé votre première défaite en carrière, en 2019, sur arrêt du médecin. Il y a l’envie de prendre votre revanche?
Exactement. S’il y a un UFC en France, le combattre chez moi cette fois-ci, ce serait pas mal. Je combats partout, peu importe, mais avoir ce combat à la maison, ça ferait plaisir.
Une semaine après votre combat, Leon Edwards défend la ceinture de votre catégorie contre Colby Covington lors de l’UFC 296. Une catégorie assez dense historiquement mais avec un top 15 qui doit se renouveler et une nouvelle vague qui arrive. Que pensez-vous de ce combat pour le titre et plus globalement de votre division?
Dans le combat pour le titre, je pense que Leon Edwards va gagner. Colby Covington est très bon dans ce qu’il fait mais désormais, Edwards est assez bon pour défendre les takedowns, bien meilleur que ce qu’il était il y a quelques années, et si Covington galère à l’amener au sol, il va prendre pas mal de dommages. Je pense que Leon Edwards va gagner avant la fin des 25 minutes de combat. Pour la catégorie en général, il y a clairement de plus en plus de jeunes athlètes qui arrivent, plein de mecs vraiment dangereux, et je trouve que c’est cool. C’est bien de voir qu’il y a plein de mecs qui ont le potentiel pour te donner beaucoup de problèmes. C’est ça qui me plaît. Combattre des mecs où je sais que je vais gagner facilement, ça ne m’intéresse pas, ce n’est pas le but du sport. Tous ces jeunes talents qui arrivent dans la division, c’est beau à voir. J’ai hâte de combattre ces mecs-là. Je serai d’ailleurs à l’UFC 296, je vais rester une semaine de plus à Las Vegas pour aller voir ça. J’ai hâte de voir ces mecs combattre en live, ça va être intéressant.