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Burkini : l’overdose

Avec la fin des grandes vacances, les plages se désertifient comme la marée, laissant à leurs lisières des petits monticules de déchets divers. On connaissait le phénomène des algues vertes. On a découvert cet été celui du burkini.

Jusqu’à l’overdose, on a eu le droit ces dernières semaines à une surenchère de déclarations, à droite comme à gauche. Le Premier ministre lui-même a éprouvé le besoin de prendre position sur cette multitude d’arrêtés municipaux, une trentaine à ce jour, qui entendaient légiférer sur la question. Peu importe qu’ils n’aient débouché que sur un très petit nombre de verbalisations -et pour certaines pas très pertinentes comme à Nice-, ce qui comptait pour leurs promoteurs, c’était de « marquer le coup ».

Passons sur les arguments fallacieux. L’hygiène, par exemple, invoquée par certains pour empêcher les musulmanes d’aller se baigner toutes habillées. Il y a un demi-siècle, on utilisait le même argument face aux seins nus et il est vrai que le spectacle de certains d’entre eux n’est pas toujours très ragoûtant…

Ce qui compte en revanche, et on ne devrait pas avoir pour cela besoin de légiférer à tour de bras, c’est de rappeler fermement qu’on est dans un pays qui a, non pas des valeurs (pas de grands mots pour des petites choses), mais des traditions. Tous ceux qui ont l’habitude de voyager dans les pays arabes font attention à ne pas provoquer leurs habitants avec des tenues que nous ne jugeons pas insultantes mais qui peuvent gêner dans un contexte local. Il devrait en aller de même à l’inverse.

Quand on habite en France, on doit se garder de toute provocation ou même de toute ostentation. Certaines motivations de ces musulmanes sont parfaitement honorables mais elles peuvent franchir la ligne jaune si elles se transforment en affichage prosélyte. Il n’est écrit nulle part dans le Coran qu’il faut s’habiller en burkini (c’est une invention australienne !). La religion n’a rien à faire dans ce débat faisandé. Que les prédicateurs autoproclamés cessent d’habiller leurs présupposés religieux de prétextes machistes. Et qu’ils laissent les femmes s’habiller comme elles le souhaitent !

Patrick Poivre d’Arvor