Burkini : en Corse, un arrêté d'interdiction municipal suspendu par la justice

Saisie par la Ligue des droits de l'Homme, le tribunal administratif a estimé qu'il n'y avait pas de "risque actuel et avéré pour l'ordre public" et que l'arrêté portait atteinte aux libertés fondamentales. L'arrêté du maire de Lecci au nord de Porto-Vecchio est donc suspendu.

Le tribunal administratif de Bastia a annoncé ce lundi 19 août avoir suspendu l'arrêté municipal interdisant l'accès aux plages et à la baignade aux personnes "n'ayant pas une tenue correcte respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité ainsi que le port de vêtements pendant la baignade ayant une connotation contraire à ces principes", rapporte Corse-Matin ce lundi 19 août.

Le maire de Lecci (Corse-du-Sud) soutenait qu'"une tenue de plage manifestant une appartenance religieuse, alors que la France et les lieux de culte religieux peuvent être la cible d'actes terroristes, est de nature à créer des risques de troubles à l'ordre public qu'il est nécessaire de prévenir".

Selon le quotidien régional, quelques jours avant la prise de l'arrêté il y a moins de deux semaines, des femmes s'étaient baignées en burkini sur une plage de la commune de Lecci.

Saisie par la Ligue des droits de l'Homme, la juge des référés du tribunal administratif de Bastia a retoqué cette décision, jugeant qu'il n'y avait pas de "risque actuel et avéré pour l’ordre public".

Comme le rapporte Libération, l'élu de Lecci a souhaité interdire "le port de tenues de bain manifestant de manière ostensible une appartenance religieuse" justifiant "le contexte de menace terroriste, le climat de tension international notamment au Moyen-Orient et Proche-Orient", citant également "l'état d’urgence", au demeurant inexact.

La justice estime, par ailleurs, que l'arrêté pris par le maire "porte une atteinte grave et illégale à trois libertés fondamentales: la liberté d'aller et de venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle". En outre, la commune affirme que ces tenues ne garantissent pas le respect des règles d’hygiène et de sécurité, sans apporter de preuves.

Article original publié sur BFMTV.com