Publicité

Buffett tance IBM, Wells Fargo, loue l'aérien à l'AG de Berkshire

par Jonathan Stempel

OMAHA, Nebraska (Reuters) - Dividendes, acquisitions, scandales, financements politiques, échecs et réussites en matière d'investissements ont figuré parmi les nombreux thèmes abordés samedi à l'assemblée générale de Berkshire Hathaway, la holding du milliardaire américain Warren Buffett.

L'événement, qui devait attirer plus de participants que les 37.000 actionnaires de l'an dernier, est toujours très couru, bien qu'il se tienne à Omaha, ville de taille moyenne du Nebraska, dans les plaines centrales du MidWest.

Warren Buffett, 86 ans, PDG, et son vice-président, Charlie Munger, 93 ans, ont dû répondre à des dizaines de questions des actionnaires, des journalistes et des analystes financiers.

Les comptes fictifs ouverts à l'insu de leurs titulaires à la banque Wells Fargo, dont Berkshire Hathaway est le premier actionnaire avec 10% du capital, ont été fustigés. Buffett a critiqué les dirigeants de Wells Fargo pour ne pas avoir réussi à empêcher les commerciaux à mettre fin à cette pratique, même après sa mise au jour.

Alors qu'on lui demandait si la structure décentralisée de Berkshire était susceptible de déboucher sur un scandale du même genre, Warren Buffett, qui contrôle 32,7% des droits de vote de la holding, a répondu : "Alors que nous sommes là, quelqu'un est en train de faire quelque chose de mal chez Berkshire"." Mais, a-t-il fait valoir, Berkshire a une "hotline" interne pour signaler les écarts de conduite. Elle reçoit 4.000 appels par an.

Les actionnaires n'ont pas manqué d'aborder la question de la succession du milliardaire, de même que le partenariat controversé de Berkshire avec la société brésilienne 3G Capital.

ÉLOGE

Buffet a expliqué que, s'il devait mourir ou s'il n'était pas en mesure de continuer, Berkshire pourrait avoir un nouveau patron dans les 24 heures et que ce n'est pas parce qu'il avait fait l'éloge d'un nombre plus petit de cadres dans sa lettre aux actionnaires en février que les choses avaient changé.

L'éloge du responsable de la branche assurances, Ajit Jain, cité par certains actionnaires comme possible successeur, n'est pas passé inaperçu. "Personne ne pourrait remplacer Ajit (...)", a dit Warren Buffett.

A propos de 3G, avec qui Berkshire contrôle Kraft Heinz qu'il a essayé de fusionner avec Unilever NV, Buffett a reconnu ne pas apprécier la méthode de réduction des coûts qui fait la réputation de la société.

Mais, a-t-il toutefois ajouté, "il est absolument essentiel que l'Amérique devienne plus productive" et 3G est "très bon pour rendre une affaire productive avec moins de gens."

Warren Buffett n'a pas exclu que Berkshire verse son premier dividende depuis 1967, si la holding se retrouvait avec plus de liquidités qu'il n'en faut pour investir.

Berkshire a fini le trimestre janvier-mars avec plus de 96 milliards de dollars (87 milliards d'euros) de liquidités et valeurs mobilières de placements. Selon Charlie Munger, la holding est à même de faire une acquisition de "150 milliards de dollars" sur le champ.

Warren Buffett a défendu l'incursion de Berkshire dans le monde des compagnies aériennes, qui a connu de nombreuses faillites. Après avoir longtemps dédaigné ce secteur, Berkshire est un actionnaire important d'American Airlines, de Delta Air Lines, de Southwest Airlines et de United Continental.

PÈLERINAGE

Charlie Munger a fait un parallèle avec les chemins de fer qui ont été "une activité horrible pendant des décennies et puis ensuite, ils sont devenues bien".

Warren Buffett a reconnu qu'il avait tort de penser qu'IBM pourrait "s'améliorer" quand il a commencé à amasser 81 millions d'actions il y a six ans.

Berkshire a récemment vendu environ un tiers de ces actions tout en montant au capital d'Apple, qui est, a souligné Warren Buffett, davantage une entreprise "grand public" qu'une société technologique.

Une proposition de résolution qui demandait à Berkshire de révéler ses dons aux politiques deux fois par an a été rejetée à une écrasante majorité.

Soutien de la démocrate Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, Warren Buffett a déclaré qu'à son avis, Berkshire n'avait pas fait de contribution politique au niveau de la maison mère depuis 52 ans qu'il est aux commandes, mais que quelques filiales dans des secteurs d'activité très réglementés allaient "sans doute devoir en faire".

Il s'est dit opposé à une décision de la Cour suprême de 2010 qui a autorisé des dépenses indépendantes illimitées de la part des sociétés et des syndicats de salariés dans les campagnes électorales.

Il dit avoir dit aux responsables des différentes branches d'activité de Berkshire de ne pas s'empêtrer dans les questions politiques mais que cela ne tenait pas au niveau des activités elles-mêmes.

"Je suis sûr qu'ils donnent de l'argent à des gens pour qui je ne voterais pas, mais c'est la réalité des affaires", a dit le "sage d'Omaha".

Pour ne pas manquer l'AG et les paroles du maître, certains ont raconté être arrivés près de cinq heures avant l'ouverture des portes à 6h45.

"Chaque année, j'ai l'impression de devoir arriver plus tôt", raconte Chris Tesari, un industriel à la retraite de Pacific Palisades, en Californie. Il dit être arrivé à 03h20 du matin. C'est sa 21e assemblée générale.

"C'est un pèlerinage", dit-il.

(Avec Trevor Hunnicutt; Danielle Rouquié pour le service français)