Budget de la Sécu : la gauche réussit à remanier la copie du gouvernement
POLITIQUE - Des équilibres totalement renversés. À rebours d’un socle commun censé donner le la à l’Assemblée, c’est bien le Nouveau Front populaire qui s’est réjoui ce lundi 4 novembre dans la soirée de l’adoption du budget de la Sécurité sociale. « Barnier et Macron sont désavoués, leur projet est rejeté », se sont félicités les députés de La France insoumise dans un communiqué, savourant notamment le fait d’avoir « repoussé les 15 milliards d’euros de coupes sauvages et injustes aux frais des patients, des apprentis, des malades, des retraités ».
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La surprise est d’autant plus grande que cette partie avait été rejetée à l’unanimité quelques jours plus tôt en commission des Affaires sociales. La gauche a aussi réussi à faire passer près de 20 milliards d’euros de recettes supplémentaires pour la Sécu.
Sur un budget total de 645 milliards d’euros. « Cela fait 2,6 %, pointe le député socialiste Aurélien Rousseau. Pour le socle commun c’est inacceptable. Du coup, où étaient les marges de discussion ? ». Parmi les nouvelles sources de financement, on retrouve une taxation des dividendes, l’augmentation de la CSG sur les hauts revenus du capital ou encore le durcissement des sanctions contre le travail dissimulé, censé rapporter à lui seul 1 milliard d’euros dans les caisses de l’État. « La gauche de l’hémicycle a trouvé des majorités pour remplir les caisses de la Sécu, pendant que la droite a déployé tous ses efforts pour les vider », a souligné la députée LFI Élise Leboucher à la sortie des discussions.
Le texte représente un sérieux camouflet pour les macronistes et LR. Il a été adopté par 126 voix pour et 98 contre. Les députés du Rassemblement national, qui n’ont cessé de dénoncer les « dingueries fiscales » imposées selon eux par la gauche lors des débats, se sont abstenus.
« Collusion du populisme »
Mais l’élan de joie qui a traversé les bancs du NFP lundi soir pourrait être de courte durée. Le Premier ministre Michel Barnier ne fait pas mystère de sa volonté de recourir tôt ou tard à l’article 49.3, ce qui aurait pour conséquence d’effacer les votes en hémicycle et de repartir de la feuille de route initiale, celle du gouvernement. Une victoire surtout symbolique donc, bien que politique puisqu’elle permet d’envoyer des signaux dans l’opinion. Il n’en reste pas moins qu’un rejet du volet « recettes », sur lequel misait le gouvernement, aurait stoppé net les discussions puisque cela aurait aussitôt entraîné l’abandon du volet « dépenses ». Or les députés peuvent désormais se concentrer sur cette seconde partie. Et au gouvernement maintenant de justifier les coupes dans les budgets dédiés aux Ehpad, aux retraites, aux lits d’hôpitaux ou à l’Assurance maladie.
Pour les députés EPR et LR, la pilule a du mal à passer. L’élu Horizons François Gernigon a fustigé un texte « vidé de son sens et de tout sérieux, politique et budgétaire », quand Thibault Bazin (LR) est convaincu que les nouvelles taxations ne toucheront pas les « grandes fortunes », mais « les classes moyennes qui travaillent ». « Quand vous avez RN et NFP qui votent ensemble, vous voyez bien que c’est la collusion du populisme », s’est indigné l’ex-ministre Marc Fesneau, aujourd’hui député MoDem du Loir-et-Cher alors que, comme dit plus haut, le groupe de Marine Le Pen a choisi de s’abstenir. L’examen du PLFSS ne fait en tout cas que commencer, et bien des choses peuvent encore se passer d’ici son adoption définitive.
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