Budget de l’Éducation nationale : vive colère des profs et syndicats après l’annonce des 4 000 postes supprimés
Dans le secteur de l’éducation, les réactions sont particulièrement épidermiques face aux suppressions massives de postes, notamment en maternelle et en élémentaire.
ÉDUCATION - « Une véritable saignée ». Déjà mal en point, le budget 2025 de l’Éducation nationale dévoilé ce jeudi 10 octobre par le gouvernement de Michel Barnier provoque des réactions épidermiques chez les syndicats et plus largement chez les professeurs de tous niveaux.
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Alors que l’Éducation nationale « reste » le premier poste de dépenses de l’État, ce ne sont pas moins de 4 000 postes d’enseignants qui sont prévus en moins par rapport à 2024. Principalement en maternelle et en élémentaire. À titre de comparaison, l’État avait supprimé 2 500 postes en 2024, 1 500 postes en 2023 et près de 2 000 postes en 2022.
Dans son budget 2025, le gouvernement Barnier prévoit, en revanche, le financement de 2 000 AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) supplémentaires.
« Sabordage de l’école publique »
Dans le détail des postes d’enseignants en moins, le premier degré public (maternelle et élémentaire) est le plus touché avec une baisse de 3 155 postes. Le second degré public (collèges et lycées) perd 180 postes. Le premier degré privé perd, lui, 660 postes et enfin le second degré privé 40, selon les chiffres fournis par le ministère de l’Éducation.
Pour l’heure, la rue de Grenelle justifie cette baisse des postes enseignants par « la baisse du nombre d’élèves qui devrait s’accélérer avec 97 000 élèves en moins à la rentrée 2025 ». Un argument similaire à celui déjà évoqué l’an dernier dans le projet de loi de finances 2024. Mais pour permettre la mise en œuvre de la réforme dite du « choc des savoirs », Gabriel Attal avait décidé d’annuler la suppression des 484 postes prévus dans le second degré et d’en créer 574. Ces postes d’enseignant supplémentaires devaient permettre d’assurer en priorité la mise en place des groupes de niveaux en français et en mathématiques.
Qu’importe. Les chiffres prévus pour 2025 ont immédiatement provoqué la colère des syndicats de l’enseignement. Guislaine David, la secrétaire générale de la FSU-Snuipp, premier syndicat en maternelle et élémentaire, a immédiatement dénoncé un « sabordage de l’école publique » sur le réseau social X. « Mais où est la priorité donnée à l’école ? », a-t-elle demandé.
3155 suppressions de postes annoncées au budget 2025 pour le premier degré public ! C’est un sabordage de l’école publique que nous annonce le #GouvernementBarnier ! Mais où est la priorité donnée à l’école @AGenetet ?
— Guislaine David (@guislainedavid) October 10, 2024
Ancienne directrice d’école primaire et de maternelle, Brigitte Marciniak fustige aussi sur X la « saignée de l’école publique qui continue ». « Suppressions encore de postes, baisse du budget de l’Éducation nationale... Ça continue encore et encore », ajoute-t-elle, malgré son statut de retraitée.
La saignée de l'école publique continue, suppressions encore de postes, baisse du budget de l'EN...ça continue encre et encore !...
— Marciniak brigi7 (@MBrigi7) October 10, 2024
Même colère pour les collèges et lycées
Bien que les suppressions soient largement moindres dans le supérieur, la colère est la même. À l’image de Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU. Dans un tweet, elle dénonce « une véritable saignée », soulignant également l’absence de « mesure salariale nouvelle pour 2025 ».
De quoi lui faire dire que le Premier ministre « Michel Barnier sacrifie l’École publique. Indigne et irresponsable ».
#Budget2025 4000 postes de profs en moins dans le budget 2025. Une véritable saignée. L'Education nationale plus gros contributeur des suppressions de postes. Aucune mesure salariale nouvelle pour 2025. Michel Barnier sacrifie l'Ecole publique. Indigne et irresponsable !
— Sophie Vénétitay (@SVenetitay) October 10, 2024
Son syndicat a d’ailleurs partagé un message sur les réseaux sociaux pour évoquer « un scandale », estimant que « l’École prend de plein fouet la politique d’austérité » de l’État.
« L’École est à un point de bascule, Michel Barnier la précipite dans le vide. Irresponsable ! », s’emporte également le syndicat majoritaire en collèges et lycées, tout en partageant un visuel illustrant l’avance du secteur de l’éducation dans les suppressions de postes. Tout comme la Snalc, le syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur, qui estime que l’école en est désormais « au-delà du catastrophique » dans un communiqué.
#Budget2025 : un scandale !
L'École prend de plein fouet la politique d'austérité :
⚠️4 000 postes d'enseignant·es supprimés
⚠️Aucune mesure salariale pour rendre les métiers + attractifs
L’École est à un point de bascule, Michel Barnier la précipite dans le vide. Irresponsable ! pic.twitter.com/YV3XnnTPrD— SNES-FSU (@SNESFSU) October 10, 2024
Des professeurs sans étiquette comme l’enseignante Corinne Guitteaud, partagent eux aussi leur vive inquiétude au moment où « il manque des professeurs un peu partout ».
4000 postes d'enseignants en moins, justement, on n'arrive pas à recruter, il manque des professeurs un peu partout, je voudrais bien savoir comment ça va mieux fonctionner. #EN
— Corinne Guitteaud (@GuitteaudPLP) October 10, 2024
« Je voudrais bien savoir comment ça va mieux fonctionner », s’interroge la professeure de lettres et d’histoire en lycée professionnel.
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