Budget : Gabriel Attal prévoit un gel des dépenses, le NFP crie au scandale

Gabriel Attal photographié lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris (illustration).
LUDOVIC MARIN / AFP Gabriel Attal photographié lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris (illustration).

POLITIQUE - Un gouvernement démissionnaire, défait dans les urnes il y a plus d’un mois, peut-il laisser son empreinte sur le budget qui devra être ficelé par ses successeurs ? Oui, pour Gabriel Attal. Alors que le chef de l’État n’a toujours pas bougé d’un pouce pour installer une nouvelle équipe gouvernementale, le Premier ministre (démissionnaire) a transmis aux ministères les « lettres plafonds », prévoyant un budget sur le modèle de celui adopté (grâce au recours au 49-3) pour l’année 2024.

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S’il s’agit en théorie de donner de la visibilité budgétaire aux administrations, l’initiative n’est pas dénuée d’arbitrages politiques. Et pour cause, ces « lettres plafonds » prévoient un gel des dépenses, fixées à 492 milliards d’euros, et dix milliards d’économies. Dans une présentation de l’initiative organisée ce mardi 20 août face à la presse, l’entourage de Gabriel Attal assurait qu’il s’agit seulement de remettre à la prochaine équipe une feuille de route, une sorte de trame budgétaire pour ne pas repartir d’une feuille blanche.

« Un pur scandale »

Un « objectif républicain » qui « permet à la France de se doter d’un budget en temps et en heure », tout en laissant la possibilité au prochain gouvernement d’y ajouter ses priorités. Une interprétation assez large de la continuité de l’État, puisqu’il est évident que les choix budgétaires relèvent (toujours) d’une vision politique. Ce qui fait hurler le Nouveau Front populaire, qui estime que ce n’est pas à un gouvernement démissionnaire (qui doit se limiter aux affaires courantes) d’imposer ses décisions à ses successeurs.

« Deux mois après sa défaite électorale, l’ex-gouvernement prétend imposer 10 milliards de coupes supplémentaires dans le budget de l’État. Un pur scandale ! Ça suffit : Emmanuel Macron doit nommer Lucie Castets à Matignon afin de préparer un budget à la hauteur des attentes du pays », fustige dans un tweet Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise. Même indignation exprimée par la députée écologiste de Paris, Sandrine Rousseau. « La préparation d’un Budget est l’acte le plus politique qui soit. Cela n’a rien de la “gestion des affaires courantes“», déplore-t-elle sur le même réseau social.

« Il n’y a rien de plus politique que le Budget », renchérit l’ex-LFI Alexis Corbière sur franceinfo, qui voit dans cette initiative la « non-volonté de prendre en compte le résultat des élections législatives ». Une analyse partagée par le sénateur socialiste Rachid Temal, pour qui « ce n’est pas aux perdants des législatives de faire le budget ».

Un « budget réversible »

À noter qu’il n’y a pas qu’à gauche que la méthode interroge. Très à cheval sur la question des comptes publics et sur le respect des institutions, le député LIOT Charles de Courson, par ailleurs rapporteur général du Budget à l’Assemblée, doute à haute voix dans Le Monde. « Est-ce qu’envoyer des lettres plafonds relève des affaires courantes ? Je trouve curieux qu’on n’attende pas le nouveau gouvernement. Pour le respect de la démocratie, ce n’est pas très bon », juge le député centriste.

Anticipant ces critiques, Matignon avait mis en avant un « budget réversible » dont le but est « d’éviter le mur budgétaire » et ce dans « un respect absolu des urnes ». Adepte des questions économiques, le député socialiste Philippe Brun a considéré sur BFM Business, et à l’inverse de ses partenaires, que cette trame est « essentiellement technique », et qu’il sera possible de la modifier lors des discussions au Parlement. Comme chaque année, députés et sénateurs plancheront sur les textes budgétaires à l’automne.

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