Budget français : “La maladie est grave”
Courrier international : La situation financière de la France est-elle inquiétante vue de Suisse ?
Richard Werly : Non, elle fait plutôt hausser les épaules. Les Suisses considèrent que la France a un problème chronique de dépenses publiques, et que les gouvernements successifs sont incapables d’y remédier. Quant à la question d’une éventuelle crise financière ou d’une incapacité à rembourser, il n’y a pas d’inquiétude parce que l’on sait que la France, chaque fois qu’elle était confrontée à une échéance compliquée, a augmenté les impôts. L’administration française étant efficace, elle est capable de faire entrer de l’argent.
Mais la mauvaise nouvelle est double. Le gouvernement a montré pendant la présidence d’Emmanuel Macron qu’il n’était pas capable de réduire ses dépenses. C’est inquiétant pour le pays. Ensuite, la fiscalité est une mauvaise nouvelle pour l’économie. Même si la hausse des impôts ne touchait que les plus riches, le message est celui d’une France qui charge encore ses entreprises. Dans un contexte de concurrence internationale, les efforts déployés par Emmanuel Macron pour l’attractivité française risquent d’être mis en péril.
Michel Barnier doit présenter un budget, et aux députés et à Bruxelles, et ce dans une situation politique compliquée. Une mission impossible ?
Je ne crois pas. Il a la solution d’augmenter les impôts. Attendons de voir quelles catégories seront touchées. Mais un choc fiscal semble inévitable. Puis il y aura un gel des dépenses dans les ministères. C’est tenable politiquement pour Michel Barnier. Il peut invoquer qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses (la France sur cinq ans emprunte plus cher que la Grèce) et la surveillance de Bruxelles. Si la France veut continuer à jouer un rôle de leader en Europe, elle ne peut pas apparaître comme un homme malade.
La grande question est de savoir comment il va couper. Va-t-il privilégier certains secteurs au détriment d’autres ? Ou optera-t-il pour une coupe horizontale ? Ce qui serait une mauvaise nouvelle parce que, une fois de plus, elle n’entraînera pas de réformes.