Budget 2025 : les universités françaises, les grandes oubliées
Paris Match. Les universités sont-elles grandes oubliées du budget ?
Laurent Gatineau. L’Université publique française pâtit d’un véritable sous-financement depuis plusieurs années, qui la place dans une situation de tension budgétaire permanente et la met en difficulté pour continuer à assurer dans de bonnes conditions ses missions de service public d’enseignement supérieur et de recherche. La France constitue une exception au sein de l’OCDE : le pays consacre plus de moyens pour l’enseignement secondaire - bien qu’insuffisants - que pour l’enseignement supérieur, l’écart s’étant fortement accru ces dernières années.
Les universités françaises sont sous la tutelle de l’État, or depuis 2022 celui-ci nous impose des mesures qu’il n’assume pas totalement financièrement, telles que la revalorisation du point d’indice en 2023, et maintenant la revalorisation des cotisations retraites… laissant de 50 % à 100 % du poids de ces mesures à notre charge alors que la dotation pour charges de services publics stagne. C’est devenu intenable pour nos établissements. Depuis 2017, à l’échelle du pays, le nombre d’étudiants a augmenté de près de 12 % alors que le budget de l’enseignement supérieur a baissé d’environ 4 % en euros constants, d’où une baisse d’environ 15 % de la dépense par étudiant (source Piketty & Chancel). Concrètement, aujourd’hui une université n’a pas les moyens financiers à la fois de maintenir ses ressources humaines, de maintenir l’entretien courant de son patrimo...