Budget 2025 : le maire de Verdun appelle à une démission collective pour protester contre le tour de vis réclamé aux collectivités
POLITIQUE - La coupe est pleine. « Indigné » par les « récentes annonces gouvernementales » demandant aux collectivités territoriales de faire des économies, le maire divers gauche de Verdun Samuel Hazard propose « une démission généralisée des assemblées locales ».
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Dans un courrier adressé mercredi 9 octobre aux présidents de l’Association des maires de France (AMF) et des Intercommunalités de France, l’élu estime qu’une telle action, qui s’inscrirait « dans le respect des institutions », constituerait « une interpellation majeure du gouvernement sur la gravité des mesures envisagées ». L’édile avait déjà saisi, mardi, le conseil municipal de sa commune de 16 000 habitants de cette possibilité.
Le gouvernement a demandé aux collectivités un effort de « plus de 5 milliards d’euros, auxquels s’ajouteront vraisemblablement d’autres mesures comme l’augmentation des cotisations employeurs pour un coût de 1,2 milliard d’euros », écrit Samuel Hazard. Or, « seule une approche concertée, fédératrice, s’impose pour diminuer le déficit public », défend l’édile, maire de Verdun depuis 2014.
450 collectivités dans le viseur du budget
Il fustige par ailleurs une « cruelle et désarmante hypocrisie » en citant l’exemple de la transition écologique, devenue « la priorité absolue des politiques publiques, tout en rendant budgétairement impossible la réalisation des objectifs » climatiques, qui demanderaient, selon l’institut I4CE, « 11 milliards d’euros d’investissements supplémentaires par an d’ici à 2030 pour les collectivités ». Samuel Hazard fait aussi état de « l’appauvrissement généralisé des politiques publiques territoriales ».
Le gouvernement dévoile jeudi soir son projet de budget pour 2025 mais trois pistes tiennent la corde concernant les collectivités territoriales. Le principal dispositif prévu est un fonds d’épargne qui serait imposé aux 450 « plus grosses » collectivités, pour un coup de frein de 2,8 milliards d’euros sur la dépense. Cette épargne serait « restituée » ultérieurement, selon des modalités encore à définir, et vingt départements « sensibles » en seront épargnés.
Autre annonce, un gel de la revalorisation annuelle des recettes de TVA touchées par les collectivités. Économie : entre 1,3 et 1,5 milliard d’euros. La troisième mesure proposée par l’État pèserait sur le fonds qui sert normalement à compenser la TVA acquittée par les collectivités. Cela devrait rapporter 800 millions d’euros.
« Chacun doit participer à l’effort »
Ce projet de budget s’inscrit dans un contexte où les collectivités locales sont à cran, depuis qu’un document de Bercy, sous l’ancien ministre Bruno Le Maire, les a accusées d’avoir dégradé le déficit public à hauteur de 16 milliards d’euros cette année, et que la Cour des comptes a suggéré d’y supprimer quelque 100 000 emplois.
Un accueil glacial a donc été réservé à ces propositions. « Une fois de plus, l’État demande aux autres d’assumer ses propres turpitudes. Et ça, ce n’est pas acceptable », a déclaré au micro de franceinfo le 9 octobre le président de l’Association des maires de France et maire LR de Cannes David Lisnard.
Les fonctionnaires de Bercy « ont profité de la vacance politique cet été pour un projet de budget totalement ’techno’ et qui ne va faire qu’amplifier les problèmes publics », a-t-il ajouté, craignant « un effet récessif ». « Ce qui est proposé va se faire au détriment de l’investissement et au détriment de l’activité puisque les collectivités territoriales, c’est seulement 8 % de la dette mais c’est 70 % de l’investissement public », a-t-il rappelé.
Face à ces crispations, Éric Woerth, député DR et chargé en 2024 d’un rapport gouvernemental sur la décentralisation, déplore un dialogue « très mauvais, d’une défiance absolue » entre l’État et les collectivités territoriales. « Bien sûr que les collectivités ne sont pas hors sol », a-t-il affirmé sur Public Sénat ce 10 octobre, à rebours des critiques formulées par Bruno Le Maire.
Mais « elles ne peuvent pas être dans un paradis quand il y a les complexités qu’on vit. Chacun doit participer à l’effort », estime-t-il. Sur la même ligne que la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse qui dit « accepter » l’effort réclamé car « le bateau France est en train de couler », « même si je le trouve très injuste pour une collectivité comme l’Île-de-France », la « mieux gérée de France », vante-t-elle.
Le prochain congrès des maires doit se tenir à partir du 18 novembre, soit en plein examen du PLF à l’Assemblée nationale. Un vrai défi pour la ministre du Partenariat avec les Territoires Catherine Vautrin.
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