Le budget 2025 se dévoile : ce que l’on sait (et ce qu’on ignore encore) du projet de Michel Barnier
Indexation des retraites reportée, taxation des transports polluants : un effort de 60 milliards d’euros est prévu pour ramener le déficit à 5 % du PIB en 2025.
POLITIQUE - Les chiffres et la dette. Les contours du prochain budget commencent à se préciser, au lendemain du discours de politique générale de Michel Barnier. Un chantier particulièrement difficile dans un contexte économique « extrêmement grave », selon le nouveau locataire de Matignon.
À la tribune de l’Assemblée, mardi 1er octobre, le Premier ministre a souligné la dette publique « colossale » de la France, « véritable épée de Damoclès » qui, si rien n’est fait, risque de placer le pays « au bord du précipice ». Ce mercredi, plusieurs sources gouvernementales ont donné à la presse quelques indices sur la potion à attendre. Quelques ingrédients, aussi.
Au programme : un effort de 60 milliards d’euros pour ramener le déficit à 5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, la réduction des dépenses comme premier remède mais une taxation accrue des transports polluants. Malgré ces éclaircissements, de nombreuses inconnues demeurent.
Le calendrier (très en retard)
Elles seront levées le 10 octobre. C’est la date retenue par l’exécutif pour présenter son projet de loi de finances (PLF) en Conseil des ministres, ceci avec un retard inédit de plus d’une semaine sur l’échéance légale du 1er octobre. Ce jour-là, le gouvernement présentera également le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
Le Parlement doit ensuite disposer de 70 jours pour débattre du budget et le Conseil constitutionnel de cinq jours pour étudier les probables recours, en vue d’une promulgation de la loi avant le 1er janvier 2025. Retard oblige, plusieurs mesures seront introduites par amendements du gouvernement lors du débat parlementaire.
Quelles trajectoires ?
Plus concrètement, on en sait davantage également sur les objectifs du gouvernement. À savoir, ramener le déficit à 5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2025, après un creusement attendu à 6,1 % cette année. Ramené au PIB, le niveau d’endettement atteindrait près de 113% en 2024 et flirterait avec les 115 % l’an prochain, avant de décroître progressivement à mesure que le déficit baissera jusqu’à l’objectif de moins de 3 % du PIB en 2029.
Selon la même source gouvernementale, l’exécutif table également sur une croissance du PIB à 1,1% en 2025, comme cette année, partiellement affectée par les mesures de redressement. L’inflation reculerait, elle, de 2,1 % à 1,8 % en moyenne annuelle, favorisant le pouvoir d’achat des ménages.
Où trouver les 60 milliards ?
Pour réussir sa mission et redresser des finances publiques à la dérive, le gouvernement prévoit donc un effort global de 60 milliards d’euros. Dans le détail, plus des deux tiers du montant, soit 40 milliards d’euros, proviendront de réductions de dépenses et un peu moins d’un tiers (20 milliards d’euros) de hausses d’impôts.
Côté dépenses, un peu plus de 20 milliards d’économies seront faites par l’État (soit 50 %). Ceci à travers la non-revalorisation des crédits en fonction de l’inflation (15 milliards d’euros) et un nouveau serrage de ceinture dans les ministères pour économiser 5 milliards d’euros supplémentaires. Le reste de l’effort sera concentré sur les dépenses sociales (33 % des économies) et les collectivités locales (17 %), appelées à lisser leurs dépenses.
Côté recettes, le flou demeure. Le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand a réaffirmé mercredi que les contribuables les moins fortunés et les entreprises moyennes seraient épargnées, et insisté sur le fait que la hausse de fiscalité sur les plus aisés serait « temporaire ».
Les premiers points actés
Dans ce tableau encore incomplet, plusieurs points précis sont semblent-ils actés. Parmi ces mesures, on retrouve par exemple le report du 1er janvier au 1er juillet de l’indexation des retraites sur l’inflation. Une façon de ralentir les dépenses publiques (la dernière indexation aurait coûté environ 15 milliards d’euros) envisagée dès le printemps dernier. L’ex-ministre du Budget Thomas Cazenave y avait fait allusion dès février, mais le président de la République avait immédiatement fait part de son opposition. Pour l’instant, le montant des économies escomptées n’est pas connu.
Selon les mêmes sources gouvernementales, des mesures visant à verdir l’économie sont également prévues dans le projet de budget, avec 1,5 milliard d’euros en faveur de la transition écologique. Elles viseraient en particulier les transports très polluants, avec notamment un malus pour les véhicules thermiques, alors que le secteur aérien français s’attend à être taxé d’un milliard d’euros supplémentaire.
Des annonces attendues
Dans ce contexte délicat, à désormais une semaine de la présentation du texte, le flou demeure sur plusieurs points. On ne sait pas, entre autres inconnues, qui parmi les ménages et entreprises les plus aisés seront mis à contribution avec la hausse de la fiscalité. Sur RTL, ce mercredi, Antoine Armand n’a pas souhaité donner le moindre indice sur le sujet, et les milliards à trouver. Encore quelques jours de travail (ou de répit).
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