La CE valide la prévision de croissance du gouvernement
PARIS (Reuters) - La Commission européenne a avalisé mardi le scénario de reprise progressive de l'économie française retenu par le gouvernement pour son projet de budget 2014, tout en se montrant plus pessimiste sur le front du chômage et de la dette. L'exécutif européen anticipe ainsi dans ses prévisions économiques d'automne une croissance de 0,9% en France l'an prochain, soit un niveau identique à celle escomptée par le gouvernement, après 0,2% en 2013. A environnement budgétaire inchangé, la hausse du produit intérieur brut accélérerait ensuite à 1,7% en 2015. Dans ses précédentes prévisions, publiées au printemps, la Commission tablait sur une contraction de 0,1% de l'économie française cette année, suivie d'un rebond de 1,1% en 2014. Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, s'est félicité de voir l'exécutif européen valider les prévisions du gouvernement. "Ce chiffre (de 0,9%), il est crédible et même prudent et j'ai la conviction que nous pouvons faire significativement plus", a-t-il dit sur BFMTV et RMC. Quant au chiffre de 1,7% pour 2015, "il montre que nous sommes en train de retrouver le chemin d'une croissance potentielle plus forte", a-t-il déclaré par la suite lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Le ministre y voit les effets de l'amélioration de la situation internationale mais "aussi et d'abord" des efforts et des décisions du gouvernement. S'agissant de la croissance de 0,2% attendue en 2013, elle se situe au même niveau que les dernières prévisions de l'Insee, alors que le gouvernement s'en est tenu à celle de 0,1% annoncée au printemps. Les nouveaux pouvoirs de la Commission lui donnent le droit de demander à un Etat de la zone euro de revoir son budget avant qu'il ne soit voté et toute divergence sur les scénarios macroéconomiques augurerait mal du verdict qu'elle rendra la semaine prochaine sur les lois de finances 2014. TAUX DE CHÔMAGE DE 11,3% EN 2015 Commentant ces prévisions devant la presse à Bruxelles, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a insisté sur l'importance pour la France de mener des réformes structurelles, qu'il a liée au délai accordé à Paris jusqu'en 2015 pour ramener son déficit public sous 3% du PIB. "Nous avons proposé de prolonger de deux ans la correction du déficit excessif précisément pour donner un peu d'oxygène et en comptant sur ces pays pour qu'ils fassent des réformes économiques sérieuses et efficaces pour améliorer la compétitivité, la croissance et l'emploi", a-t-il déclaré. "Ce sera notre point de départ la semaine prochaine lorsque nous évaluerons les projets de budgets des membres de la zone euro", a-t-il ajouté. Sur le front de l'emploi, Pierre Moscovici a réaffirmé l'objectif d'une inversion de la courbe du chômage à la fin de l'année en France, qui n'est pas partagé à Bruxelles. La Commission prévoit ainsi un taux de chômage à 11,0% fin 2013, qui passerait à 11,2% en 2014 puis 11,3% en 2015. Pour les économistes de la Commission, les entreprises françaises devraient, avec le retour de la croissance, privilégier la restauration de leurs marges par rapport aux créations d'emplois en 2014 et les effets positifs des réformes du marché du travail ne se feront pas sentir avant 2015. La Commission table aussi sur un déficit public qui devrait atteindre 3,8% en 2014, là où le gouvernement prévoit 3,6% après 4,1% cette année. Pour 2015, il s'établirait, sans mesures budgétaires nouvelles, à 3,7% du PIB, bien au-dessus de l'objectif de 3%, là aussi à environnement budgétaire inchangé. L'exécutif européen note que ces prévisions sont néanmoins cohérentes avec une amélioration de 1,75 point de pourcentage sur 2013-2014 du déficit structurel, qui reviendrait à 2,0% du PIB à la fin de l'an prochain (contre 1,7% prévu par Paris). Sa prévision de déficit structurel qui remonterait à 2,4% en 2015 ne tient pas compte de l'effort de 0,9 point de PIB prévu dans la nouvelle trajectoire des déficits publics dévoilée en septembre par le gouvernement. Avec de tels déficits, la Commission estime que la dette nette de la France atteindra 95,3% du PIB fin 2014, après 93,5% cette année, puis 96,0% en 2015. Le gouvernement prévoit lui un pic de la dette à 95,1% du PIB l'an prochain avant une baisse de 94,7% en 2015. Yann Le Guernigou, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse