Bruxelles s'inquiète du projet de sanctions américaines

La Commission européenne est prête à agir en cas d'adoption par le Congrès américain de nouvelles sanctions contre la Russie, qui pourraient affecter la sécurité énergétique de l'UE, a averti mercredi son président Jean-Claude Juncker. /Photo prise le 26 juillet 2017/REUTERS/Eric Vidal

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne est prête à agir en cas d'adoption par le Congrès américain de nouvelles sanctions contre la Russie, qui pourraient affecter la sécurité énergétique de l'UE, a averti mercredi son président Jean-Claude Juncker. La chambre américaine des Représentants a voté mardi à une très large majorité en faveur d'un alourdissement des sanctions imposées par les Etats-Unis à la Russie, à l'Iran et à la Corée du Nord, malgré les réserves de Donald Trump. Concernant la Russie, les parlementaires américains entendent sanctionner le Kremlin pour son ingérence présumée dans l'élection présidentielle américaine en 2016. L'annexion de la Crimée et le conflit ukrainien sont les autres motifs avancés. Le texte, adopté par 419 voix contre trois, doit maintenant être approuvé au Sénat et promulgué ou non par le président. On ignore la date du vote à la chambre haute. La proposition de loi américaine pourrait avoir un "impact négatif sur la sécurité énergétique de l'UE", a déclaré Jean-Claude Juncker dans un communiqué à l'issue d'une réunion de l'exécutif bruxellois. "C'est pourquoi la Commission a conclu aujourd'hui que si nos inquiétudes ne sont pas suffisamment prises en compte, nous nous tenons prêts à agir en conséquence rapidement. L'Amérique d'abord ne peut pas signifier que les intérêts de l'Europe viennent en dernier", a ajouté le président de la CE par allusion au slogan de campagne de Donald Trump, "America First". Le projet adopté mardi à Washington envisage "l'imposition de sanctions sur n'importe quelle compagnie (y compris européenne) qui contribue au développement, à la maintenance, la modernisation ou la réparation de pipelines exportant de l'énergie en provenance de la Russie", indique la Commission. Cela pourrait affecter les gazoducs alimentant l'Ukraine ou des projets cruciaux pour l'indépendance énergétique de l'UE, comme le projet Baltic LNG (Liguefied Natural Gas), souligne-t-elle. Dans son communiqué, Jean-Claude Juncker rappelle que l'UE est pleinement engagée dans la mise en oeuvre des sanctions contre la Russie mais réclame une étroite coordination entre membres du G7 pour assurer l'application des accords de paix de Minsk sur l'Ukraine. L'UE a déclaré qu'elle ferait connaître ses préoccupations aux Etats-Unis par "tous les canaux diplomatiques". La France a jugé de son côté que la proposition de loi du Congrès américain apparaissait "illicite au regard du droit international" et a appelé à une concertation au niveau européen. En Allemagne, la Chambre de commerce et d'industrie a estimé que le projet américain risquait de nuire à la sécurité énergétique de l'Allemagne et semblait conçu pour favoriser les entreprises américaines. (Philip Blenkinsop, avec Sophie Louet à Paris, Gernot Heller à Berlin; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)