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Bruxelles prévoit une croissance de 1,1% en France en 2015

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a annoncé mardi prévoir une croissance économique en France en 2015 et 2016 légèrement plus élevée que celle attendue par le gouvernement, ses prévisions de déficit étant identiques pour 2015 et un peu plus élevées pour 2016. L'exécutif européen table désormais sur une hausse de 1,1% du produit intérieur brut français cette année, soit 0,1 point de plus que dans ses prévisions de février et 0,1 point de plus que le gouvernement français. Pour 2016, la Commission s'attend à une croissance de 1,7%, soit 0,1 point de moins qu'il y a trois mois, le gouvernement prévoyant quant à lui une croissance de 1,5%. Avec ces nouvelles prévisions européennes, "nous sommes dans une convergence de vues totale", a-t-on réagi mardi dans l'entourage du ministre des Finances, Michel Sapin. Selon la Commission, la reprise en France devrait être surtout portée cette année par la consommation des ménages, l'investissement ne repartant que l'an prochain (+3,0%) après des baisses de 0,6% cette année et 1,5% en 2014. Pour l'ensemble de la zone euro, elle prévoit une croissance de 1,5% en 2015 et 1,9% en 2016. La Commission a parallèlement abaissé ses prévisions de déficit public pour la France, à 3,8% du PIB pour cette année et 3,5% en 2016, contre 4,1% dans les deux cas prévu en février. Comme d'habitude, la prévision pour 2016 s'entend à politique inchangée, c'est-à-dire sans compter les mesures d'économies promises mais non encore votées par le Parlement. Le gouvernement prévoit quant à lui de ramener le déficit public à 3,8% à la fin de l'année, après 4,0% fin 2014, soit un chiffre identique à celui prévu par la Commission. Il prévoit d'atteindre ensuite 3,3% fin 2016 et de repasser sous la limite européenne de 3% fin 2017, soit après les élections présidentielle et législatives, à 2,7%. LA COMMISSION ANALYSE LA SITUATION BUDGÉTAIRE La Commission européenne, qui a donné deux ans de plus à la France pour revenir sous les 3%, à fin 2017, dira en juin si les efforts du pays sont suffisants. "Nous pensons que les efforts entrepris vont dans la bonne direction", a déclaré mardi le commissaire aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, ancien ministre français des Finances, lors d'une conférence de presse. "En même temps, ça ne doit conduire ni à réduire l'ambition des réformes ni à remettre en cause la politique de réduction des déficits qui est absolument cruciale", a-t-il ajouté. La Commission est en train d'analyser les nouvelles propositions du gouvernement français, qui a récemment annoncé 4 milliards d'euros d'effort supplémentaire pour 2015. "Ces 4 milliards, c'est une bonne base de travail", a dit Pierre Moscovici, précisant qu'il fallait s'assurer que ces mesures "sont à la hauteur des engagements pris par le gouvernement français et des attentes de la Commission pour ce qui concerne la réduction du déficit structurel". En 2016, la France ne compte en revanche pas réduire le déficit structurel autant que demandé par la Commission en février, Michel Sapin jugeant que le faire aurait fait chuter la croissance et donc empêché de faire reculer le chômage. La Commission a annoncé mardi prévoir que le taux de chômage se stabilisera en France cette année à 10,3%, soit le même niveau qu'en 2014 et qu'il baissera, à 10,0%, en 2016. Selon elle, le ratio de dette publique continuerait d'augmenter l'an prochain à politique inchangée, atteignant 97,0% après 96,4% fin 2015. Le gouvernement prévoit lui aussi qu'il atteindra 97,0% fin 2016, après 96,3% fin 2015. Avant ces annonces, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a jugé urgent de poursuivre et d'amplifier les réformes en France. "La croissance potentielle reste anormalement faible et la croissance effective insuffisante pour ramener l'économie à un niveau plus proche du plein emploi", a-t-il expliqué. (Jean-Baptiste Vey et Marc Angrand à Paris, édité par Yves Clarisse)