Bruxelles autorise l'utilisation du glyphosate dans l'UE pour 10 années supplémentaires faute de majorité entre les Etats membres

"La Commission, sur la base d'évaluations complètes de la sécurité réalisées par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA), en collaboration avec les États membres de l'UE, va maintenant procéder au renouvellement de l'approbation du glyphosate pour une période de 10 ans, sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions", a déclaré jeudi la Commission dans un communiqué.

L’institution peut désormais approuver sa propre proposition après l’échec des États membres de parvenir une nouvelle fois à une majorité qualifiée favorable ou opposée à cette prolongation.

"La Commission a l'obligation légale de prendre une décision. Et cette décision que nous allons prendre est basée sur l'analyse scientifique que nous avons obtenue de l'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), de l'ECHA (Agence européenne des produits chimiques) et de la communauté scientifique et qui conduira effectivement à un renouvellement du glyphosate", explique Stefan de Keersmaecker, porte-parole de la Commission européenne.

Cette proposition de l'institution a été faite après l’évaluation en juillet de l'EFSA qui estime qu’il n’y "aucune zone critique préoccupante" au renouvellement du glyphosate delà du 15 décembre. Mais l'argument provoque la colère des élus écologistes du Parlement européen.

"Cette proposition de renouveler le glyphosate, elle est dramatique pour la santé humaine, on compte un nombre croissant de victimes qui sont malades de cancers, de déformations dès leur plus jeune âge, mais aussi pour le vivant. On a de nombreuses études qui montrent l'effet dévastateur sur la biodiversité du glyphosate. Et donc l'Europe a un choix : soit elle empoisonne, soit elle protège", insiste l'eurodéputée Marie Toussaint.

"Par ce vote, l'abstention, les Etats membres qui avaient les moyens d'empêcher cette proposition ont finalement contribué à cette dégradation de la santé, à cette dévastation de la nature. Ils se cachent aujourd'hui derrière leur abstention en prétendant qu’eux étaient opposés puisqu'ils se sont abstenus, donc ils n'ont pas donné blanc-seing à la Commission européenne, c'est tout à fait hypocrite".

La France, l'Allemagne et l'Italie feraient partie des abstentionnistes. La Commission rappelle aussi que ce sont les Etats membres qui sont responsables de l'utilisation au niveau national du glyphosate. Les gouvernements peuvent donc s'ils le souhaitent restreindre l'usage de ce produit à l'intérieur de leurs frontières.