Bruno Retailleau veut prolonger la durée en centre de rétention jusqu'à 210 jours

Après les annonces relativement floues de Michel Barnier sur l'immigration ce mardi 1er octobre lors de son discours de politique générale, Bruno Retailleau rentre dans le détail de ses propositions, en allant parfois beaucoup plus loin que son Premier ministre.

À commencer par la durée en centre de rétention. Le chef du gouvernement a promis devant les députés de faciliter "la prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière".

"180 jours, voire 210 jours" dans les centres de rétention

D'abord fixée à 10 jours en 1993, la rétention des étrangers en situation irrégulière a été portée à 90 jours avec la loi Collomb de 2018. Sans évoquer de délai précis, Michel Barnier devrait probablement reprendre à son compte la proposition de loi des LR déposée fin septembre qui veut porter à 135 jours la durée de rétention. Elle a d'ailleurs des chances d'être adoptée avec les voix de la droite, du RN et d'une partie de la macronie et d'Horizons.

Le ministre de l'Intérieur veut, lui, aller beaucoup plus loin.

"Pour les actes terroristes la loi française prévoit déjà un délai pouvant aller jusqu'à 210 jours. Pour les crimes les plus graves, notre main ne doit pas trembler, il faut aller jusqu'à 180 jours, voire 210 jours", juge ainsi Bruno Retailleau auprès du Figaro magazine.

"Cela nécessite le vote d'une loi, mais chacun prendra ses responsabilités devant le peuple", insiste-t-il encore.

Haro sur les associations de migrants, "juge et partie"

Même constat pour la question des associations d'aide aux migrants. Devant les députés, le nouveau chef du gouvernement a appelé à "sortir l'immigration de l'impasse idéologique où les uns et les autres l'ont mise", sans aller plus loin.

Bruno Retailleau demande, lui, aux associations d'aide aux migrants d'agir "en cohérence avec l'État".

"Je voudrais aussi que l'État soit plus exigeant vis-à-vis des associations qui interviennent" en centre de rétention et qui "sont juge et partie" dans "le conseil juridique" aux personnes en centre de rétention.

Avec un objectif: que ce soit désormais l'Office français de l'Immigration et de l'Intégration (OFII), qui dépend directement du ministère de l'Intérieur, qui conseille les migrants sur d'éventuelles recours juridiques.

Le ministre pointe notamment du doigt le montant des subventions qu'elles reçoivent de la part de l'État et des collectivités et qui se chiffre à "un milliard d'euros".

"Trop généreux" avec l'Algérie

Bruno Retailleau enfonce encore le clou sur la question des laissez-passer consulaires, ces documents que doivent délivrer le pays d'origine d'une personne sans-papiers pour permettre son expulsion.

"Mon gouvernement ne s'interdira pas de conditionner davantage l'octroi de visas à l'obtention de laissez-passer consulaires nécessaires aux reconduites à la frontière", a déjà avancé Michel Barnier. Mais Bruno Retailleau va un cran plus loin en mettant la pression sur l'Algérie alors que le Premier ministre n'a cité, lui, aucun pays.

"Nous sommes très –trop– généreux, sans être payés de retour. En 2023, l'Algérie a obtenu 205.853 visas, et elle n'a repris que 2191 de ses ressortissants, dont 1680 en éloignement forcé. Ce n'est pas acceptable", tance ainsi Bruno Retailleau.

Faut-il voir dans cette longue prise de parole au Figaro Magazine une réponse à Michel Barnier qui a publiquement recadré son ministre de l'Intérieur lors de son discours de politique générale sur "l'État de droit"?

L'ancien patron des sénateurs LR a jugé dimanche dernier que cette notion n'était "ni intangible ni sacré" avant que le Premier ministre ne demande "son respect".

La question est ouverte alors que Michel Barnier ne dispose guère d'autres poids lourds au gouvernement avec un certain sens politique.

Article original publié sur BFMTV.com