Bruno Retailleau favorable à des « statistiques ethniques », mais à une condition

Comme Marine Le Pen, le ministre de l’Intérieur redoute que des données démographiques sur les origines des Français conduisent à de la « discrimination positive comme aux États-Unis ».

Bruno Retailleau sur BFMTV le 19  janvier 2025
Bruno Retailleau sur BFMTV le 19 janvier 2025

POLITIQUE - Un échange d’une minute à peine qui colle à l’actualité. Alors que la nouvelle campagne de recensement de la population en France a démarré la semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a été invité à réagir, ce dimanche 19 janvier, sur BFMTV, à l’apparition d’une nouvelle question controversée.

Facultative pour les répondants, cette question leur demande de préciser le pays de naissance de leurs parents. Si Patrick Simon, directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined), plaide pour une meilleure prise en compte des discriminations, des syndicats et organisations ont déploré une interrogation qui « présente beaucoup de dangers ».

Comme vous pouvez le voir dans la séquence ci-dessous, le locataire de la place Beauvau approuve à l’ajout de cette nouvelle ligne dans laquelle il refuse de voir « une statistique ethnique », à laquelle il se dit par ailleurs favorable, mais à une condition.

« Les statistiques ethniques, je m’en suis toujours un peu méfié. Il y a d’un côté la connaissance de la réalité mais, de l’autre, je ne voudrais pas que, comme aux États-Unis à un moment donné, ces statistiques-là débouchent sur la discrimination positive », a d’abord étayé Bruno Retailleau. Avant d’évoquer l’impératif de connaître « la réalité sociologique » de la France et d’évoquer une récente étude : « Sur les mouvements migratoires, on a besoin de connaître [la situation]. Pourquoi on doit cacher la réalité ? »

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Une formulation maladroite qui prête le flanc des critiques venues de gauche. « OK pour les statistiques ethniques mais alors uniquement à des fins discriminatoires, surtout pas pour servir à corriger les inégalités décelées », ironise, entre autres, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure sur X. « Partant pour les statistiques ethniques exclusivement si ça permet de discriminer davantage », embraye également le sénateur communiste Ian Brossat.

La critique de Bruno Retailleau – qui fait écho à celle de Marine Le Pen, redoutant que ce type de statistiques « servent à préparer de la discrimination positive à l’américaine » – semble partagée par le futur président américain.

Pendant toute la campagne de Donald Trump, investi ce lundi à la Maison Blanche, les républicains ont visé les programmes de DEI (diversité, équité, inclusion) visant à mieux inclure les personnes non blanches, en situation de handicap ou LGBT+, notamment en entreprise. Comme le rappelle Courrier international, citant ABC News : « Durant sa campagne, Trump a promis de mettre fin au ‘wokisme’ et à l’’endoctrinement gauchiste’ dans l’éducation. Il a promis de démanteler des programmes en faveur de la diversité […] et de sanctionner financièrement des institutions ». Quant à la discrimination positive dans les universités, la Cour suprême a majorité conservatrice y a déjà mis un coup d’arrêt en 2023.

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