Bruno Le Maire cite Michel Sardou pour s’éloigner de la vie politique

Après sept ans passés à la tête du ministère de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire annonce retourner à sa carrière d’enseignant.

POLITIQUE - « Je vous aime, mais je pars », de Bercy mais pas seulement. Le ministre démissionnaire Bruno Le Maire a annoncé ce jeudi 12 septembre qu’il allait s’éloigner de la vie politique, écartant de fait toute reconduction au sein du futur gouvernement de Michel Barnier.

À l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire, le RN et LFI règlent leurs comptes en pleine commission des finances

C’est en citant la chanson Je vole de Michel Sardou que le locataire de Bercy a annoncé son départ, après plus sept ans passés à la tête du ministère de l’Économie et des Finances. Il a estimé qu’il était temps pour lui « de respirer un air différent de (celui de) la politique ». « Je retournerai donc à ma première vocation : l’enseignement », a déclaré l’ancien professeur de lettres lors d’un discours en forme d’au revoir prononcé dans la cour du ministère, se disant « heureux de reprendre le chemin des cours, cette fois sur les sujets économiques et géopolitiques ».

« Je continuerai naturellement à habiter en France », a-t-il précisé, alors que des rumeurs l’ont dit sur le départ pour la Suisse. Devant des fonctionnaires, conseillers, parlementaires et autres convives dont le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, Bruno Le Maire a dressé le bilan de ses années à la tête de l’économie française.

« À mon ou mes successeurs, je souhaite le meilleur dans la mission qui leur sera confiée », a assuré Bruno Le Maire qui s’est cependant fendu de quelques conseils, appelant à ne pas « revenir en arrière » par rapport à la ligne économique qu’il a défendue.

« La France ne doit pas revenir en arrière sur le rétablissement de ses comptes publics. Elle doit continuer de se fixer pour objectif de revenir sous les 3 % de déficit (public) en 2027 » par rapport au PIB, a-t-il aussi plaidé. « Après les crises, nous avons pris une ligne de fermeté sur les comptes publics. Cela ne nous vaut pas que des amis. Pourtant la sagesse recommande de tenir cette ligne, de réduire la voilure des dépenses, d’en étaler certaines, d’en reporter d’autres », a-t-il poursuivi, dans un discours accueilli par des applaudissements nourris.

« La France ne doit pas revenir en arrière non plus sur les impôts », baissés à hauteur de 55 milliards d’euros pour les entreprises et les ménages depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017, a-t-il aussi déclaré.

Des propos qui ont agacé l’opposition, qui n’a pas manqué de rappeler que la France a été placée sous le coup d’une procédure européenne pendant les années de Le Maire à Bercy. « Un ministre dont l’objectif affiché était de réduire la dette et les déficits, et qui a totalement échoué sur ces points, ne peut pas se permettre de tenir de tels propos. C’est typiquement ce genre de distorsion de la réalité qui abîme la démocratie » , estime ainsi l’eurodéputée Place Publique Aurore Lalucq. « Le décalage entre son image de sérieux et son bilan budgétaire est saisissant », écrit de son côté le député RN Matthias Renault.

En partant, Bruno Le Maire laisse à son successeur et au nouveau chef de gouvernement la lourde tâche de présenter le budget 2025. Des pistes ont été préparées par le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal et les lettres de plafonds envoyées. Mais alors que le gouvernement de Michel Barnier n’est toujours pas constitué, la possibilité d’un report de la présentation du budget, censé arriver le 1er octobre sur le bureau de l’Assemblée, n’est pas écartée.

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