Bruno Le Maire accusé (un peu vite) par les oppositions d’avoir menti sur le prix de l’électricité
Le ministre est accusé de procéder à des « rattrapages » liés au coût de l’électricité. En réalité, il s’agit de l’érosion annoncée du bouclier tarifaire.
POLITIQUE - La (mauvaise) nouvelle est tombée ce mardi 18 juillet. Comme attendu, la facture d’électricité va repartir à la hausse dès le 1er août. Soit une augmentation de 10 % pour les ménages, après une première hausse subie cet hiver. Cette évolution n’a — en réalité — rien d’une surprise, puisqu’il était admis que l’État allait réduire progressivement la part du bouclier tarifaire contenant le prix des factures énergétiques. Un dispositif qui avait été mis en place en 2021 pour faire face à l’inflation.
Mais voilà, cette hausse, équivalente à 150 euros par an en moyenne, reste douloureuse pour un pays qui a vu les prix bondir dans quasiment tous les secteurs, notamment sur l’alimentaire. Ainsi, les oppositions n’ont pas attendu longtemps pour trouver leur coupable : le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.
Sitôt cette augmentation rendue publique, Marine Le Pen a fustigé le locataire de Bercy. « Plus de 25 % de hausse du prix de l’électricité en six mois pour éponger la débâcle de la politique d’Emmanuel Macron et d’un marché européen qui spolie les Français. J’avais alerté sur les mensonges de Bruno Le Maire quand il jurait qu’il n’y aurait aucun rattrapage des factures en 2023 », a-t-elle taclé sur Twitter.
Même reproche fait par le coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard, partageant un article dans lequel le ministre démentait une possible hausse de 8 % du coût de l’électricité pour cette année, et donc tout effet de rattrapage sur les factures. « Bruno Le Menteur », a-t-il ironisé. Une analyse partagée par le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Ne jamais prendre au sérieux les engagements de ce gouvernement.
« Les consommateurs français ne verront aucun rattrapage sur leur facture en 2023 » Bruno Le Maire, 30 mai 2022.
1er août 2023, au cœur des vacances, augmentation de 10% après +15% en février. https://t.co/ZrEz4QePXz— Olivier Faure (@faureolivier) July 18, 2023
Plus de 25% de hausse du prix de l’électricité en six mois pour éponger la débâcle de la politique d’E. Macron et d’un marché européen qui spolie les Français.
J’avais alerté sur les mensonges de B. Le Maire quand il jurait qu’il n’y aurait aucun rattrapage des factures en 2023. https://t.co/KbhAwZKHyH— Marine Le Pen (@MLP_officiel) July 18, 2023
Bruno Le Menteur.https://t.co/uHbAQAB0Ly pic.twitter.com/rIlvruP6nk
— Manuel Bompard (@mbompard) July 18, 2023
Les oppositions « racont(ent) n’importe quoi »
En réalité, les choses sont plus subtiles. Dès 2022, Bruno Le Maire avait annoncé que l’objectif du gouvernement était de « contenir » la hausse des prix de l’énergie, et qu’il n’y aurait pas de rattrapages pour compenser les pertes enregistrées par les fournisseurs d’électricité en raison des limitations du prix de l’énergie décidées par l’exécutif. En outre, c’est bien la part payée par l’État qui se réduit, et qui aboutit à une hausse de 10 %. Bruno Le Maire avait annoncé au printemps que le bouclier tarifaire serait maintenu jusqu’en 2025, mais qu’il serait réduit par étapes.
« Le bouclier tarifaire continuera de prendre en charge la protection des Français à plus du tiers de leur facture, de l’ordre de 37 % de la facture de l’électricité », détaille ce mardi le ministère de l’Économie, précisant que le taux de prise en charge jusqu’ici en vigueur est de 43 %. Contacté par Le HuffPost, l’entourage de Bruno Le Maire balaie d’un revers de main le procès en mensonge instruit par les oppositions. « Il n’y a aucune compensation ni aucun effet de rattrapage comme le dit Marine Le Pen, mais seulement, comme c’était annoncé, une baisse de la prise en charge du bouclier tarifaire », démine l’équipe du ministre, qui insiste : « l’État continue de dépenser des milliards pour limiter le coût de l’inflation sur les factures, et ce sera encore le cas en 2024 ».
« C’est faux d’affirmer qu’il s’agit d’un rattrapage, d’ailleurs la CRE (la Commission de régulation de l’énergie) préconisait une hausse de 74,5 % pour compenser la hausse des coûts énergétiques, ce qu’on n’a pas fait », justifie encore l’entourage de Bruno Le Maire, accusant les oppositions de « raconter n’importe quoi ». En réalité, cette décision concerne davantage les équilibres budgétaires que les prix de l’énergie, dans une période où l’exécutif cherche à réduire la voilure sur les dépenses après le « quoi qu’il en coûte » décidé au moment du Covid.
Entre 2021 et 2023, le bouclier tarifaire a coûté 110 milliards d’euros à l’État. Avec cette nouvelle érosion du dispositif, l’État espère dégager 14 milliards sur le budget 2024. Reste à savoir si les foyers, qui verront surtout leur facture s’alourdir, percevront cette subtilité.
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