Britney Spears sort son autobiographie et tente de s’émanciper après des décennies d’infantilisation
La chanteuse sort son autobiographie, « La Femme en moi », dans laquelle elle reprend possession de son histoire. Une quête d’émancipation naturelle pour une star sans cesse infantilisée, même après la levée de sa tutelle.
CÉLÉBRITÉ - Not a girl, not yet a woman ? Ces paroles de Britney Spears datant de 2001 résonnent particulièrement avec sa vie des vingt dernières années. Ce mardi 24 octobre, la chanteuse sort La Femme en moi, son autobiographie publiée en France aux éditions Lattès. Et comme elle le dit dans le livre, cette « femme en elle » a « longtemps été réprimée », entre l’image d’écolière de ses débuts et la mise sous tutelle qu’elle a subie pendant 13 ans à l’âge adulte.
Quand la justice américaine libère enfin la star de la tutelle de son père en 2021, elle a 39 ans. À l’époque, son avocat se réjouit : « Ce qui attend Britney, et c’est la première fois qu’on peut dire ça depuis une décennie, ne dépend que d’une seule personne : Britney. »
Mais cette Britney émancipée que l’on voit depuis ne correspond pas toujours aux attentes du public. Jusqu’à inquiéter certains fans, qui après avoir œuvré pendant des années au sein du mouvement « Free Britney », surveillent aujourd’hui les moindres faits et gestes de leur idole. Quand, en septembre dernier, elle poste une vidéo d’elle dansant avec des couteaux, la police débarque chez elle, alertée par plusieurs de ses followers.
Cocktail d’érotisme et d’innocence
De fait, sur Instagram, Britney Spears est loin de l’image policée des autres célébrités de son âge. Elle s’y met en scène dansant seule dans son salon, ses poses sont lascives, souvent maladroites. Ses yeux charbonneux et sa garde-robe, composée de shorts taille-très-basse et de mini-hauts à froufrous, semblent tout droit sortis de ses clips d’adolescente. Quant à ses légendes, elles sont parfois difficiles à déchiffrer et quasi toujours ponctuées de nombreux émojis.
La ligne éditoriale de la star sur Instagram reflète finalement assez bien son image, à la fois infantile et sexuelle. Dès ses débuts en solo à 17 ans – après un passage, enfant, au Mickey Mouse Club –, Britney Spears sert un savant cocktail d’érotisme et d’innocence. Dans son légendaire premier clip, « Baby One More Time », elle revêt l’attirail d’une écolière, petites tresses à pompons, chaussettes hautes et jupe plissée incluses. Mais la jupe est mini, la chemise nouée laisse apparaître à la fois son ventre et son soutien-gorge, et l’ingénue se déhanche en chantant des paroles comme : « Montre-moi comment tu veux que ce soit, dis-moi bébé, parce que j’ai besoin de savoir... »
Cette recette sexiste hypersexualisante va être un élément clé du succès de la star. Dans un autre single phare de cette époque, Oops !... I did it again, la chanteuse s’étonne d’avoir encore une fois manipulé malgré elle un homme tombé sous son charme, mais conclut le refrain en prévenant : « Je ne suis pas si innocente ». La même année, elle fait la couverture du magazine Rolling Stone, en sous-vêtements avec une peluche de Télétubbies sous le bras.
Un passage à l’âge adulte scruté par les médias
En 2001, une nouvelle ère s’ouvre pour la star avec la sortie de son album éponyme et du single I’m a Slave 4 U (« je suis une esclave pour toi »), dans lequel elle tente de s’affranchir de son image de « petite fille », comme elle le décrit dans les paroles, tout en préservant tout de même sa voix juvénile, une signature.
Ce passage à l’âge adulte, Britney Spears ne l’a pas seulement fait dans ses chansons mais aussi sous les caméras de la presse. La tension entre innocence et sexe, enfance et âge adulte, a nourri l’intérêt des magazines people pour son intimité. Dans une ère pré-MeToo, la question de sa virginité passionne les médias, qui n’hésitent pas à lui poser des questions à ce sujet en conférence de presse. Après sa rupture avec Justin Timberlake, le magazine Details met le chanteur en couverture avec l’accroche : « Peut-on lui pardonner pour toute cette musique de chochotte ? Au moins, il a réussi à se taper Britney ».
C’est dans ce contexte que Britney va tenter de s’émanciper avec des albums où elle clame son indépendance et dénonce l’attention de la presse, mais aussi à travers sa vie privée, toujours très médiatisée. En 2005 et 2006, elle donne naissance à ses deux fils. Le documentaire Framing Britney Spears, produit par le New York Times, offre un portrait glaçant de cette période. Harcelée par les paparazzi, constamment jugée par la presse et l’opinion, et traversant sans-doute une dépression post-partum, Britney Spears apparaît de plus en plus instable. Jusqu’à la célèbre séquence de son rasage de crâne.
« La tutelle m’a transformée en enfant »
La suite, on la connaît : Britney Spears sera placée sous tutelle pendant 13 ans – une infantilisation officielle qui laisse tout loisir à son père de contrôler ses décisions, son corps et ses finances. Elle revient sur cette période dans son livre, dont certains extraits ont été publiés par People : « La tutelle m’a dépossédée de mon identité de femme et m’a transformée en enfant ».
« C’est ce qui est difficile à expliquer : la rapidité avec laquelle je pouvais osciller entre être une petite fille, une adolescente et une femme, parce qu’ils m’avaient privée de ma liberté, détaille-t-elle. Je ne pouvais pas me comporter comme une adulte, puisqu’ils ne me traitaient pas comme une adulte, donc je régressais et je me comportais en petite fille ; mais ensuite mon côté adulte revenait – sauf que mon monde ne me laissait pas être une adulte. »
La star revient aussi sur les deux années qui ont suivi la levée de sa tutelle. « Depuis que je suis libre, j’ai dû construire une toute nouvelle identité », explique-t-elle. Cette nouvelle identité ne correspond peut-être pas à l’idée que la société se fait d’une femme de 41 ans mais il est peut-être temps, pour les médias comme pour les fans, de laisser Britney Spears vivre sa vie. Et ce, même quand elle décide de danser en petite culotte avec des couteaux à la main.
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