«Les briscards nous ont dit : "Nous allons pilonner les Ukrainiens"»

Près de l'aéroport de Donetsk, jeudi dernier.

Le quotidien russe de l'opposition «Novaya Gazeta» a recueilli le témoignage d'un soldat russe hospitalisé à Donetsk. Il raconte son enrôlement.

«Personne ne nous a parlé de l’Ukraine, nous savions déjà tout dans le train avant de partir.» Le jeune soldat russe est très gravement brûlé au visage et aux mains. Sa photo, où il apparaît défiguré, illustre l’entretien paru dans l’édition papier (en russe) de mercredi de Novaya Gazeta, le principal journal d’opposition. Dorji Batomounkouiev, 20 ans, est arrivé à l’hôpital de Donetsk (dans l'est séparatisme de l'Ukraine) le 19 février après que son char a été touché.

Il était arrivé en Ukraine avec son contrat d’engagement dans l’armée russe, en même temps que quelque 300 combattants venus principalement de Bouriatie, près de la Mongolie. Envoyé en octobre aux manœuvres militaires dans la région russe de Rostov, il se retrouve finalement dans le Donbass. Son récit témoigne dans le détail de la présence de forces russes en Ukraine, toujours démentie par le Kremlin.

«Ils nous ont dit que l’on partait en manœuvre, mais tout le monde savait quelle était notre réelle destination. Je me préparais psychologiquement en me disant qu’il fallait aider les civils attaqués par les troupes de Kiev», raconte-t-il. «Nous avons recouvert les numéros des blindés de peinture avant de partir et laissé nos grades et nos insignes en Russie, ainsi que les passeports et livrets militaires», explique-t-il, avant d'ajouter : «Les briscards nous ont dit : "Ne croyez pas au commandement, nous allons pilonner les Ukrainiens."»

«Seul dieu peut te juger»

Dorji souligne qu’il est parti volontairement. «Je ne suis pas fier de tout ce que j’ai fait. J’ai tué, détruit mais, dans l’autre sens, je me rassure en disant que tout cela est fait pour les citoyens. Mais c’est terrifiant car, dans ton subconscient, tu sais qu’il y a un homme comme toi dans le blindé en face. Mais, en même temps, il est un ennemi. Il a tué des innocents, (...)

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