Brightburn : rencontre avec l'équipe de ce Superman maléfique

AlloCiné : Les enfants maléfiques provoquent souvent une vraie terreur chez les spectateurs. C'est votre cas avec Brandon, dans "Brightburn" ?

David Yarovesky (réalisateur) : (Rires) Est-ce que Brandon me fait peur ? Non, car je l'ai créé ! Mais il est né des cauchemars que je fais régulièrement, à propos de forces indéfinissables et indestructibles qui me regardent. C'est quelques chose d'effrayant, oui.

Elizabeth Banks : Il est terrifiant car il n'a pas conscience de ses pouvoirs. C'est un enfant, dont la morale n'est pas encore totalement façonnée. Il n'a pas encore réalisé la valeur de la vie. Il est donc prêt à tuer n'importe qui et n'importe quoi. Vous donnez à un super-enfant la capacité de tuer en un claquement de doigt, cela arrivera. 


Dès lors, qu'est-ce que "Brightburn" raconte à vos yeux, au-delà de l'expérience horrifique ?

David Yarovesky (réalisateur) : Bonne question. Pour moi, au coeur du film, il y a la relation entre mère et fils. Et notamment entre ma mère et moi. Quand j'ai découvert le scénario de Brian et Mark Gunn, j'ai été touché par le fait que la mère défende son fils alors que tout le monde cherche à l'alerter. Pour elle c'est un super gamin, il est juste spécial. Ces mots ont trouvé un vrai écho en moi. Quand j'étais jeune, j'adorais les films d'horreurs et les choses un peu étranges, les gens pensaient que j'étais bizarre, et ma mère est allée me défendre à l'école en expliquant que j'étais juste créatif, différent... Cette notion est au coeur de Brightburn à mes yeux. Et ce film est une sorte de lettre de remerciement à ma mère pour m'avoir soutenu. Je ne serai pas là, sans son soutien.

David Denman : Je crois que chaque parent peut se projeter dans le film, et retrouver ce moment où, alors que votre enfant change à la puberté, on se demande s'ils sont bons ou mauvais et s'ils vont bien tourner. C'est évidemment ici poussé à l'extrême. Le film parle vraiment de la divergence de point de vue entre deux parents qui se demandent si leur fils est dangereux. La maman ne voit que le bon en lui. Mon personnage est plus sceptique. Ne serait-ce que parce que cet enfant est extraterrestre. (Rires) Malgré les alertes, elle désirait tellement cet enfant qu'elle ne voit que le bon en lui... Et quand elle réalise sa vraie nature, c'est un peu trop tard.

 

Vous le disiez, vous aimez l'horreur et les choses un peu étranges. Qu'est-ce qui vous fait peur ?

David Yarovesky (réalisateur) : Je fais beaucoup de cauchemars. Et des cauchemars toujours terrifiants. Ma femme se moque de moi, car je rêve vraiment de films d'horreur. Je me réveille en hurlant : "Ce truc allait me tuer, il tenait ta tête et il me frappait avec..." Des trucs comme ça. (Rires)

Jackson Dunn : J'ai peur de ce qu'évoque le film, même si c'est encore une fois poussé à l'extrême ici. Les gens imprévisibles m'effraient, surtout quand ils ont les moyens de faire ce qu'ils veulent.

David Denman : Personnellement, j'ai peur des gens dont les agissements ont un impact sur la vie des autres. Ces gens qui imposent leur volonté aux autres.


Pourquoi, selon vous, aime-t-on autant les films d'horreur et se faire peur ?

David Yarovesky (réalisateur) : Le cinéma d'horreur permet de se confronter, dans un environnement sécurisé, à ses propres peurs. Et de le faire ensemble. Brightburn est par exemple très sympa à regarder en groupe, car vous entendez et partagez les réactions des gens autour de vous. Vous les entendez avoir peur. Vous les entendez être choqués par telle ou telle chose. Ca devient une expérience commune : on partage la peur, et on y survit ensemble. C'est ce que j'aime personnellement, voir les gens vivre ainsi l'horreur.

Jackson Dunn : Il y a un phénomène chimique. Le corps rejette des endorphines quand vous pensez déceler une menace et qu'au final ça n'en est pas une. Il y a un vrai impact psychologique. Grâce à cela, vous vivez une expérience unique, qui ne peut être sinon atteinte que... dans des vraies expériences de mort imminente ! (Rires)

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