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Brexit: Pas d'avancée entre May et les Européens mais un espoir

Theresa May n'a apporté mercredi aucun élément permettant de débloquer les négociations sur la rupture entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, mais s'est montrée désireuse d'éviter un retrait désordonné, ont dit des dirigeants européens. /Photo prise le 17 octobre 2018/REUTERS/Aris Oikonomou

BRUXELLES (Reuters) - Theresa May n'a apporté mercredi aucun élément permettant de débloquer les négociations sur la rupture entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, mais s'est montrée désireuse d'éviter un retrait désordonné, ont dit des dirigeants européens.

Les résultats des négociations avec les Britanniques sont insuffisants pour convoquer un sommet spécial en novembre, mais les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept sont prêts à se réunir dès que leur négociateur Michel Barnier fera état de progrès décisifs, a précisé un responsable européen.

Theresa May n'a rien proposé de neuf mais s'est dite convaincue qu'un accord était possible, a indiqué le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, après un discours de la Première ministre britannique suivi d'un diner à Vingt-Sept, à Bruxelles.

"Je suis optimiste sur le fait que nous pourrons parvenir à un accord dans les prochaines semaines ou les prochains mois", a-t-il ajouté.

Selon une source à l'Elysée, "il a été convenu entre les Vingt-Sept que les négociations devaient reprendre et s'achever le plus rapidement possible".

"Nous avons montré que nous pouvions parvenir ensemble et de façon constructive à des accords difficiles. Je reste convaincue de l'issue positive", a déclaré Theresa May aux autres dirigeants, selon un responsable britannique.

"La dernière étape nécessitera courage, confiance et capacité de décision des deux côtés", a-t-elle conclu.

"IL Y A URGENCE", INSISTE MACRON

A leur arrivée au Conseil européen, à Bruxelles, plusieurs dirigeants européens avaient souligné les contraintes pesant sur Theresa May, qui doit composer avec l'aile dure du Parti conservateur et les députés du Parti unioniste démocratique (DUP) d'Irlande du Nord, dont dépend sa majorité.

"Il n'y aura pas de percée aujourd'hui", avait averti la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, ajoutant que les Européens aimeraient que la Première ministre britannique ait un mandat solide, ce qui n'est selon elle pas encore le cas.

Si Theresa May savait véritablement ce qu'elle veut, il serait possible de s'entendre sur tout, a-t-elle assuré.

Les Européens sont pleinement conscients qu'elle se trouve dans une situation difficile, a souligné le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel.

"Même si nous avons un accord ici, cela ne veut pas dire que Westminster (ndlr, siège du Parlement britannique) l'acceptera", a-t-il dit.

"Il y a encore de l'espoir, mais la possibilité existe aussi d'une absence d'accord. Nous continuerons à travailler aussi sur le (scénario du) 'no deal'", a-t-il poursuivi.

"Nous avons besoin de temps, de beaucoup plus de temps", a déclaré le négociateur européen en chef, Michel Barnier. "Nous allons continuer à travailler dans les prochaines semaines, calmement et patiemment."

Emmanuel Macron avait dit à son arrivée avoir "à la fois un message de confiance et d’urgence".

"Des progrès ont été réalisés et on voit bien la volonté collective d'avancer, mais nous n'y sommes pas encore et c'est maintenant qu'il faut décider", a dit le président français. "Il y a urgence."

Plusieurs formules ont été discutées ces dernières semaines pour tenter de convaincre les Britanniques d'accepter la solution du "backstop", le mécanisme qui doit garantir qu'aucune frontière ne sera érigée entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande.

Londres et les Vingt-Sept veulent éviter une telle frontière par crainte d'un retour de la violence en Irlande. Mais la solution européenne, qui créerait une sorte de frontière entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, est rejetée par le gouvernement britannique.

L'accord de retrait doit être conclu suffisamment rapidement pour être ratifié par les parlements britannique et européen avant la date fixée pour le départ du Royaume-Uni de l'UE, le 29 mars au soir. Les Européens placent souvent cette limite quelque part au mois de novembre.

(Alastair Macdonald, Jan Strupczewski et le Bureau de Bruxelles, Elizabeth Piper, Jean-Baptiste Vey et Noah Barkin)