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Brexit: Londres dément vouloir une seconde période de transition

LONDRES (Reuters) - La période de transition post-Brexit entre le Royaume-Uni et l'Union européenne s'achèvera bien en décembre 2020 et il n'y aura pas de nouvelle période de transition jusqu'en 2023, a-t-on déclaré jeudi de source gouvernementale à Londres, démentant des informations du Times.

Le Royaume-Uni et l'UE sont "parfaitement clairs" à ce sujet, précise-t-on de même source.

Le Times de jeudi avait rapporté que la Première ministre britannique Theresa May allait demander une seconde période de transition post-Brexit qui courrait au moins jusqu'en 2023, pour éviter le retour d'une frontière physique "dure" entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord.

Cette frontière sera après le Brexit la seule frontière terrestre entre la Grande-Bretagne et l'UE. Des deux côtés, on s'accorde pour vouloir le maintien d'une frontière "ouverte" mais les conditions pratiques d'une telle solution restent difficiles à trouver.

L'UE et Dublin insistent sur le fait que le traité sur le Brexit doit prévoir un dispositif de garantie au cas où un futur pacte commercial ne permettrait pas de supprimer les contrôles à la frontière.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a déclaré jeudi à la radio Newstalk que son pays ne pouvait accepter une solution limitée dans le temps. "Eh bien, 2023, ça ne va pas. Le gouvernement irlandais ne pourra accepter une situation où l'on remet à plus tard une décision aussi fondamentale que celle-là", a-t-il dit.

"Le but d'avoir un système de garantie, c'est que cette garantie ne soit pas limitée dans le temps (...) Dire qu'on s'en tirera peut-être avec des solutions technologiques ou juridiques qui n'existent pas en ce moment, c'est quelque chose que nous ne pouvons accepter", a-t-il poursuivi.

Un rapport parlementaire rendu public jeudi n'exclut pas non plus que le Royaume-Uni reste dans l'union douanière après la fin 2020, les nouveaux arrangements commerciaux risquant de n'être pas prêts.

ÉVITER UN "SAUT DANS LE VIDE"

Ce rapport de la commission sur la sortie de l'UE déplore que près de deux ans après le référendum sur le Brexit le gouvernement britannique n'ait toujours pas exposé quels futurs accords commerciaux et douaniers il entend avoir avec l'UE.

"Le temps presse pour mettre en place ces nouveaux accords", a déclaré Hilary Benn, président travailliste de la commission.

"Etant donné que les ministres indiquent qu'aucune des deux options à l'étude ne devrait être prête en décembre 2020, à la fin de la période de transition, le Royaume-Uni devra vraisemblablement rester dans l'union douanière avec l'UE jusqu'à ce que d'autres arrangements puissent être mis en place", a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni quittera l'Union européenne le 29 mars 2019. Pour éviter un "saut dans le vide", Londres et ses partenaires européens se sont déjà mis d'accord sur une période de transition devant durer jusqu'à la fin décembre 2020.

L'ensemble des obligations, notamment douanières et réglementaires, liées à l'appartenance à l'UE continueront de s'appliquer au Royaume-Uni durant cette période.

Une source informée a confié il y a une semaine à Reuters que Londres envisageait de conserver pour une durée limitée un partenariat douanier avec l'Union européenne au-delà de la période de transition qui s'achève en décembre 2020.

Cette nouvelle période de transition, durant laquelle le Royaume-Uni resterait aligné sur l'Union européenne sur les questions douanières et de régulation, courrait de 2021 à au moins 2023, soit sept ans après le référendum du 23 juin 2016 par lequel les électeurs britanniques se sont prononcés à près de 52% pour une sortie de l'Union européenne.

(Elizabeth Piper et Andrew MacAskill, avec le bureau de Bangalore; Henri-Pierre André, Arthur Connan et Guy Kerivel pour le service français)